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Les pommes d’Adam

Faire d’une intrigue théologique le fil conducteur d’un film innovant, humain, drôle, sombre, léger et cynique à  la fois? Il fallait un Danois pour le faire. C’est ainsi que Lars von Trier n’est plus le seul cinéaste à  percer hors du royaume de Hamlet: il faut compter avec Anders Thomas Jensen. Ses pommes d’Adam Adams aebler / Adam’s apples m’ont permis de me remettre du terrible Brothers dont il était le scénariste – innovant, humain, sombre et cynique, mais ni léger ni drôle. S’il est effectivement question de pommes et d’un dénommé Adam, l’allusion à  une particularité anatomique masculine n’est pas fortuite, dans la mesure où le film ne met en scène que des hommes, à  une exception près. Mais cela nous entraînerait sur une autre piste.

Au début, on croit qu’il va être question d’une foi naïve mais conséquente, qui ne voit que ce qui est bon et qui de ce fait cherche à  désamorcer la violence de l’autre en tendant l’autre joue. Plus tard, on est presque rassuré: le côté absolu et inhumain de cette foi s’avère une stratégie désespérée pour faire face au non-sens des malheurs de la vie requalifiés en épreuves du diable. Une stratégie pour (ne pas) rester pur, intact après un viol, et d’autres faits de violence subis, après la perte de sa mère. C’est exactement la thématique du livre de Job évoqué dans le film où ce livre joue (physiquement aussi!) un rôle charnière. Comme dans le livre de Job, la question du mal subi injustement est posée: les coups du sort sont-ils mérités ou – la suggestion est faite au pasteur par son protégé néo-nazi – ont-ils leur origine dans la haine que Dieu lui porte.

Il faut peut-être, pour certains, en arriver à  envisager cette hypothèse, reductio ad absurdum pour envoyer balader tous les délires induits par cet opium du peuple humain et accueillir l’altérité. Notre héros de pasteur, lui, ne sera que passagèrement ébranlé par cette suggestion. La transformation viendra d’une balle miraculeuse qui traverse le cerveau, lui ôtant au passage une tumeur. La guérison physique correspond à  une guérison spirituel, dans la droite ligne des miracles opérés par Jésus.

Mais le film est loin d’imposer une telle lecture – et il fait aussi le bonheur des mécréants: il fait rire, il déconcerte, il émeut, la photographie et les acteurs sont superbes. Il fait simplement oeuvre de créateur, quoi!

Un commentaire

  1. 2 octobre 2006

    Bravo pour ce blog toujours aussi soigné…

    J’ai aussi adoré les pommes d’Adam, un petit bijou théologico-philosophique. Enfin un film à  ne pas manquer!

    Amitiés, Stéphane

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