Un Swissroll RSS

Webmix

Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Entre oubli, faux souvenir et mythe

On sait que l’écoulement du temps peut parfois aider à  surmonter un traumatisme. On connaît le False Memory Syndrome, en français syndrome des faux souvenirs. Et il y aussi ce besoin de racines, d’une filiation.

C’est à  tout cela que me fait penser un petit texte fascinant dans le courrier des lecteurs du Monde d’aujourd’hui:

Histoire de scouts

Que le mouvement scout célèbre ses cent ans d’existence en Grande-Bretagne, rien de plus normal. Mais de voir les scouts de France d’obédience catholique célébrer aussi leur centenaire est pour le moins curieux. Faut-il rappeler que l’Eglise a vu dans la création des Eclaireurs de France (laïques) et des Eclaireurs unionistes (protestants) une menace pour ses patronages et qu’elle dénonçait alors le scoutisme comme une institution judéo-maçonnique et protestante? A preuve ce texte relevé dans L’Echo de Saint-Clair de Nantes, le 28 décembre 1913: « A notre jeunesse nationale catholique, les francs-maçons et laïcisateurs ont opposé une jeunesse laïque anglaise, les boy-scouts, mot anglais qui signifie, dit-on, éclaireurs. Parents français, nos francs-maçons laïcisateurs veulent faire de vos enfants de petits Anglais! Aujourd’hui ils travaillent pour l’Angleterre comme hier ils travaillaient pour l’Allemagne. Petits enfants de France, retirez-vous de leurs rangs. Toute société qui a écarté le prêtre cache un pasteur ou un rabbin qui travaillent pour le compte de l’Angleterre ou de la Prusse. » L’interdiction d’adhérer au scoutisme, promulguée dans tous les diocèses, ne sera levée qu’en 1920, date de la création des Scouts de France. Ceux-ci feraient donc bien d’attendre 2020 pour célébrer « leur » centenaire!

Jean Guiffan, Nantes

Sur le scoutisme, il faut lire la remarquable série de billets de Verel (à  partir de celui-ci et jusqu’au 11 août).

6 commentaires

  1. 12 août 2007

    J’avais en effet vu ce petit billet dans le courrier des lecteurs, et je me suis demandé à  quelle souffrance il renvoyait. Peut être les associations laïques (surtout) et unionistes souffrent-elles du fait que les associations catholiques soient les plus connues et qu’elles doivent en permanence expliquer leur différence.

    De la même manière, toutes les associations scoutes ont souffert de l’histoire de l’abbé Collard, alors qu’il représentait une association complètement marginale, et des pratiques réprouvées par les autres.

    Pour revenir à  la remarque du billet, il est bien évident que presque aucune des associations membres du scoutisme mondial n’a été créée il y a 100 ans, certaines sont même très récentes, par exemple dans les pays de l’Est. Cela ne les empêche bien évidemment pas de fêter l’évènement!

    Ceci dit, il est vrai que l’Eglise catholique a vu d’un mauvais oeil la création d’un scoutisme fondé par un Anglican sans doute franc-maçon, à  la logique très internationaliste (encore plus après la 1ère guerre mondiale). Les Scouts de France ont donc vu le jour en 1920, sous l’égide du Père Sevin, qui a regroupé quelques unités existantes (il y en avait donc!) et en a sans doute écarté les fondateurs ou responsables.

    Il reste la mémoire (et les photos) d’un groupe paroissial à  Nice nettement avant la première guerre mondiale (en 1909 ou 1911 je ne sais plus) mais dont on ne sait pas ce qu’il est devenu ensuite. Le grand père de ma femme, catholique, regrettait ainsi dans sa jeunesse de ne pouvoir adhérer aux scouts en raison de la position de l’Eglise: il se contentait de lire les revues scoutes!

  2. 13 août 2007

    Moi aussi, j’ai vu ce courrier, et je pense qu’il est beaucoup moins anodin que l’ami Verel ne veut bien le dire.

    Cela dit, j’ai une petite histoire de scout dont je ferai bien une note à  l’occasion. J’ai moi même été scout catholique (scout de France), parce que je voulais faire partie de ce genre de chose quand j’étais gosse et qu’il n’y avait rien d’autre dans le petit patelin de campagne ou j’habitais. J’en garde d’excellents souvenirs mais je me souviens que la principale préoccupation de l’un des chefs était de me convertir : il devait se prendre pour un missionnaire. J’ai même communié une fois, à  l’occasion d’un camp d’été. Je ne savais pas ce qu’il fallait dire en prenant l’hostie alors j’ai dit merci.

    
    
  3. 13 août 2007

    Le « courrier de lecteur » vise certes l’Eglise catholique, mais rien dans son contenu ne concerne le scoutisme catholique.

    Sauf à  supposer que le scoutisme catholique serait un « pur produit catho », indépendant du scoutisme en général, une sorte de sous-produit de la mobilisation « antiscoute » antérieure …

    Or la réalité est inverse.

    Comme le remarque verel, les « Eclaireurs des Alpes », catholiques, datent de bien avant 1920 (1914 sauf erreur de ma part). Et il y avait eu quelques autres fondations.

    Plus important, le scoutisme catholique « Scouts de France » a été fondé par le Père Sevin dans une fidélité rigoureuse aux méthodes et textes de Baden-Powell, contournant très habilement la méfiance que manifestait – cela est établi ! – le clergé catholique dans son ensemble à  l’égard de cette invention « protestante ».

    Exemple de ces habiletés, il a conservé telle quelle la Loi scoute de BP en 10 articles (alors que d’autres mouvements français, non catholiques, s’en éloignaient …) – et c’est la Loi que le scout promet d’observer dans le texte de la Promesse (celui de B-P, repris par Sevin). Mais … il a ajouté, à  côté de la Loi, trois « principes » destinés à  rassurer les trois institutions que le scoutisme inquiétait – Eglise, armée et famille … : « 1- Le scout est fier de sa Foi et lui soumet toute sa vie. 2- Le scout est fils de France et bon citoyen. 3- Le devoir du scout commence à  la maison. ».

    J’aime bien l’anecdote de Hugues. En la recoupant avec mes propres souvenirs, je lui donnerais volontiers l’interprétation suivante : « Certains scouts et animateurs ont de fortes convictions religieuses et une intention missionnaire, sans pour autant que la pratique du scoutisme dans un mouvement catholique constitue une pression sur les convictions religieuses des participants. » ?

    J’en profiterais pour ajouter à  la lettre du lecteur un mouvement qu’il a omis : les Eclaireurs français, également laïcs, créés par Pierre de Coubertin. Celui qui a donné aux JO la devise « Citius, altius, fortius » … et qui était à  mille lieues de penser que « l’essentiel est de participer ».

  4. 13 août 2007

    Les éclaireurs des alpes, voilà ! Merci à  toi!

    Les trois principes en question n’étaient en effet pas contradictoires avec les idées de BP, même si le scoutisme catholique des années 30 à  60 était par certains aspects éloigné de ce qui se faisait ailleurs.

    Ce n’est pas par hasard si les Scouts de France ont trouvé utile d’écrire « Baden Powell aujourd’hui » en 1975 et de le rééditer en 2004. C’était en partie un retour aux intuitions du fondateur.

  5. 13 août 2007

    Après vérification auprès de mon spécialiste préféré, les Eclaireurs des Alpes ont été créés officiellement en association en 1913 mais on a des traces de ce mouvement dès 1911

  6. Paul VEERSÉ
    14 août 2007

    Venu par inadvertance sur ce bloc-notes, je me permets de faire remarquer à  Verel qu »au moment de la création dy Scoutisme en France, en 1911, les EDF n’étaient pas constitués en association nationale mais en fédération d’associations locales.

    Les Eclaireurs des Alpes, association créé officiellement en 1913, pouvaient être une association locale ou régionale, adhérente à  la Fédération des EDF.

Les commentaires sont fermés