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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

L’unité ne relève pas que de la doctrine (mais ce n’est pas une excuse)

Sauf pour les libéraux les plus extrêmes (au sens théologique du terme), l’Eglise est plus que la juxtaposition des âmes croyantes. Elle n’est pas réductible à une association de personnes réunies autour d’un but ou d’un intérêt commun. L’identité, et donc l’unité, de l’Eglise a partie liée avec la foi, une donnée de la foi (avant d’être mise en dogme).Ce qui n’empêche pas l’Eglise de pervertir la notion d’unité (comme elle est susceptible de pervertir toute autre notion) qu’elle récupérera pour justifier un fonctionnement autocratique voire totalitaire tandis que, selon les temps et les lieux, elle adoptera un fonctionnement (plus ou moins) démocratique.

C’est pourquoi, contrairement à François Brutsch (dans le billet précédent), je pense que la question de l’unité n’a pas forcément un sens doctrinal-dogmatique qui primerait sur la foi (individuelle). Pour un croyant, qui voit l’Eglise comme un corps mystique dont il fait partie, la perspective d’une division, voire d’un schisme, est vraiment des plus douloureuses. Même s’il faut immédiatement ajouter que pour l’ensemble des théologiens – mais surtout ceux qui ne sont pas catholiques romains – l’Eglise visible (réalité institutionnelle) ne coïncide pas avec l’Eglise invisible (réalité mystique). Il n’empêche : le dilemme où se trouve Rowan Williams est bien réel, bien douloureux. Ce qui ne veut pas dire qu’il a eu raison de trancher dans le sens où il l’a fait.

On ne peut pas dire que c’est la doctrine qui l’a emporté. Parce que les théologiens protestants (et même anglicans) ne manquent pas pour cadrer différemment les questions relatives à l’homosexualité. Sur ce sujet, les ouvrages théologiques sérieux existent. Dans les Eglises protestantes et anglicanes, bien des sujets ne sont pas allés de soi et ont donné lieu à des prises de tête – l’accession des femmes au ministère en est un bon exemple. Le problème de Williams est un problème d’arithmétique, de correctitude politique, éventuellement de finances. Arithmétique parce que l’Eglise anglicane la plus nombreuse est en Afrique. Arithmétique parce que les homosexuels sont une minorité (ce n’était pas le cas des femmes…). Correctitude politique parce que les anciennes colonies ont beau jeu de s’opposer aux valeurs occidentales des anciens colonisateurs – quand elles s’appliquent à une minorité numérique.