Le partenariat gay britannique détourné?
J’avais écrit ici, pour illustrer le poids spécifique de la démocratie directe, que le partenariat suisse entrerait certainement en vigueur après le britannique, quand bien même les deux projets ont été présentés par les gouvernements à leur parlement respectif à la même époque. Eh bien ce n’est plus si sûr.
Le partenariat « à la suisse » a effectué un parcours parlementaire pratiquement record pour un projet qui, s’il est bien délimité, est néanmoins sensible. Alors que le projet britannique n’en est encore qu’à son examen devant la première chambre, qui était en l’occurrence celle des Lords. Et la droite homophobe vient de réussir un joli coup pour dévier la balle en corner, si je puis me permettre une métaphore usée mais de saison: par 148 voix à 130, un partenariat destiné aux couples de même sexe est dilué en un régime juridique couvrant également d’autres formes de communautés domestiques, telles que celles de soeurs célibataires vivant ensemble, ou de la personne proche qui se consacre entièrement à l’assistance à une personne malade.
Le plus ironique est évidemment que, sans le réaliser, ces milieux précipitent avec une telle formule (qui rejoint un des axes de la discussion américaine contre le mariage gay) ce qu’ils redoutent plus encore que l’officialisation honnie des couples de gays et de lesbiennes: la « dématrimonialisation » du mariage pour en faire la forme reconnue des couples qui s’aiment, qu’ils soient hétéros ou homos, qui ne sera jamais que l’achèvement de la sécularisation de cette institution.
Je ne doute pas que le gouvernement, et la majorité écrasante des Communes, redresseront la barre, mais cela prendra encore plus de temps…