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David Servan-Schreiber: quand le business se combine à  l’humanisme

Dans la famille Servan-Schreiber, je prends tout le monde. Ma culture politique s’est nourrie de L’Express et des combats de Jean-Jacques. Mais le Jean-Louis du Pouvoir d’informer et de L’Expansion a aussi répondu à  mon intérêt; et je l’ai même suivi dans le virage qui, de la gestion du temps aux limites du New Age, l’a conduit vers le développement personnel et Psychologies. J’aime à  croire que j’ai à  peu près tout lu à  leur propos (et je continue): j’en ferais mon sujet particulier si je participais à  Questions pour un champion. Et, oui, cela s’étend à  la génération suivante, et même celle d’après: j’ai lu le Guérir de David, je lirai Anticancer.

Au demeurant, je crois profondément que l’admiration n’exclut pas la lucidité, qui protège de la déception qu’une idéalisation naïve ne peut que générer. Je n’ignore pas les défauts de JJSS, je me méfie du conspirationnisme de Franklin (ou est-ce Edouard?) sur la mort de Diana, qui ouvre le livre que Madeleine Chapsal a écrit sur le sujet.

Pour alimenter ma douce manie, je peux compter sur l’alerte Google qui me tient assez bien au courant des allées et venues (au propre et au figuré) de la tribu. Depuis le week-end passé, ça crépite avec l’Appel lancé par 19 « experts », pas tous cancérologues, emmenés par David (qui lui est neuropsychiatre) pour mettre en garde sur l’usage du téléphone portable. Médusé, j’observe avec quel enthousiasme c’est repris sans la moindre distance. Avec Le Figaro, qui ouvrait en soulignant la « leçon de communication » donnée, j’ai cru un instant au sarcasme, mais non: sincère admiration devant la capacité à  rédiger de manière claire et concise, et à  trouver la forme si alléchante des 10 conseils à  suivre (même s’il sont souvent parfaitement impraticables), seulement tempérée par la remarque prudemment critique que l’appel ignore les vraies victimes,celles de l’usage du portable au volant ou en traversant la rue. C’est donc à  l’Académie de médecine, qu’on accusera facilement d’être composée de de pisse-froids aigris et jaloux, qu’il revient d’enfoncer la porte ouverte de mettre les pieds dans le plat: c’est avant tout une opération de marketing pour le site de DSS, Guérir, en utilisant une angoisse grand public qui en sort allègrement renforcée.

David Servan-Schreiber a l’habitude: il a déjà  été critiqué pour ses intérêts financiers dans les Oméga-3 qu’il promeut, pour sa commercialisation de la pratique de de l’EMDR[1] qu’il recommande. Et c’est là  où l’on ne peut que saluer l’artiste: il a probablement raison. Cette conjonction d’intérêts qui fait mauvais genre, c’est aussi la marque d’un souci d’efficacité, d’un va-et-vient entre pratique et théorie qui est l’une des explications de sa popularité et de l’efficacité de sa vulgarisation. Effacer les repères de classe et d’autorité est un trait de l’époque, mais c’est aussi un effet de la démocratisation (le pire des systèmes… après tous les autres, comme disait Churchill).

COMPLEMENT DU 27.06 à  17h15: Intéressant complément du Figaro sur les dessous de l’appel, qui confirme mon sentiment. Il aura donc fallu plus de 10 jours pour qu’un minimum de travail journalistique soit entrepris (oh, pas très fouillé: aucune allusion aux Omega-3 ou à  l’EMDR), et seulement parce que l’Académie de médecine a joué le rôle du méchant…

Notes

[1] Intégration neuro-émotionelle par les mouvements occulaires.

2 commentaires

  1. trackback manuel (puisque le spam m’a contraint à  désactiver cet outil): Mélange des genres chez l’ami Authueil

  2. christianL
    23 juin 2008

    Bonjour Mr Brutsch Nous avons échangé il y a quelque temps au moment de la parution du bouquin sur JJSS. Je vous livre la modeste contribution que j’ai laissée sur le site d’ Autheuil à  propos du Mélange des genres. Trop, c’est trop.ET çà  fait du bien de livrer ce que l’on a sur le coeur, parfois. BIen à  vous.

    « Le lundi 23 juin 2008 à  , par christianL

    Il faut vivre! …c’est à  dire accepter une bonne fois pour toutes l’idée que l’on peut mourir et que la vie sans risque n’est pas la vie. De nos jours,on s’étonne presque d’avoir à  disparaitre un jour.Prendre une tuile sur la tete – mais c’est suspect! Je résume ce qui interdit ou dangereux ou déconseillé : fumer,respirer la fumée,respirer tout court (les particules,les microparticules),circuler en voiture, en vélo,en moto,traverser la rue,manger,boire… Je ne pousserai pas le cynisme jusqu’à  dire faire l’Amour, car là ,c’est sérieux. Meme un soldat mort c’ est suspect, la guerre sans pertes humaines (pour le pays qui le peux, j’en connais au-moins 2), personne ne s’étonne.Mais pour autant,quelle vie ! Mais comment a fait l’Humanité pour survivre jusqu’à  ce siècle quand la médecine n’était quasiment composée que de charlatans ? J’ai la faiblesse de penser que nous ne sommes plus des Hommes, des vrais, de ceux qui onf fait l’Histoire. Le principe de précaution n’est qu’une sinistre invention pour une Société sans saveur. Si nous revenions en 1938 avec les gens d’aujourd’hui,sùr que nous ne livrerions pas que la Tchécoslovaquie pour empecher un conflit… Pour en revenir à  David Servan-Schreiber, c’est simplement un homme de son temps, qui a tout compris.Je me demande (n’est ce pas François Brutsch,nous qui partagions la meme passion ? )s’il serait capable, comme son illustre père,d’écrire de « vraies » vérités en pleine guerre d’ Algérie, d’encourrir la censure,de défendre le journal, la nuit, sur les toits avec un fusil, d’étre rappelé au bled et de s’y fondre aussi facilement qu’à  Paris… de se battre seul contre tous pour des idées et d’y laisser sa fortune. Il vaut mieux qu’il (JJ) n’en ait rien su, finalement. »

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