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Gog et Magog vus de Lausanne

Le Matin Dimanche d’aujourd’hui[1] annonce qu’un professeur d’Ancien Testament, Thomas Römer de l’Université de Lausanne, a été, en 2003, consultant théologique du président Jacques Chirac. C’est déjà  un scoop en soi. Mais la suite est encore plus décoiffante. La question portait sur un élément de l’apocalyptique vétéro-testamentaire, à  savoir le conflit entre Gog et Magog. Ce sont les noms de personnages individuels ou collectifs (tribus?) de la fin des temps qui obsèdent la pensée fondamentaliste en général et celle des fondamentalistes américains en particulier[2]. On sait que cette forme de culture biblique particulière imprègne Bush lui-même. Au point que dans une conversation téléphonique avec Jacques Chirac au sujet de l’intervention en Irak, il s’est référé à  Gog et Magog, provocant la perplexité de son interlocuteur. D’où un mandat très inattendu de la part de l’Elysée qui a abouti au Professeur Römer[3]. Dans un tout autre domaine, voilà  qui pourrait donner des idées à  Nicolas Sarkozy: Thomas Römer étant aussi l’un des deux auteurs de « L’homosexualité dans le Proche Orient Ancien et la Bible », dont nous avons parlé ici, va-t-il être consulté par le président actuel dans le cadre de son action contre l’homophobie ?

On a beau être antiantiaméricanisme primaire, il faut reconnaître que le fondamentalisme beaucoup plus répandu là -bas reste quelque chose d’insupportable – et n’est pas moins insupportable pour un croyant non fondamentaliste. Les thèmes eschatologiques (relatifs à  la fin des temps) sont une obsession typique des schémas de pensée fondamentalistes, aux effets tantôt exotiques, tantôt pervers.

Les effets exotiques, c’est tout ce qui se rapporte au thème de l’enlèvement — en anglais rapture[4] des élus au moment du retour du Christ, croyance fondée sur des textes bibliques. Comme les autocollants ou les plaques de voitures qui avertissent ou plaisantent sur le moment où la voiture se retrouvera sans conducteur. Moins plaisant, c’est quand on fait intervenir sur un même niveau des interprétations des grandes batailles apocalyptiques où apparaissent des noms comme Gog, Magog et Armaguédon avec des considérations politiques, géopolitiques, et géostratégiques.[5]

Et c’est ainsi que les tentatives de légitimer bibliquement Israël desservent la cause de l’Israël que je soutiens. Tout comme les fondamentalismes déshonorent, ridiculisent et décrédibilisent la foi. Alors que le mérite d’Israël, à  mes yeux, est d’être le seul Etat vraiment démocratique de la région, où les milieux religieux exercent certes leur influence, mais où c’est le peuple qui a le dernier mot, peuple dont une bonne proportion n’est pas croyante. A noter que « démocratie » n’est pas synonyme de « justice » dans le traitement de certaines populations à  l’intérieur ou à  l’extérieur des frontières.[6]

J’écris cela sous l’emprise de l’émotion suscitée par le dessin animé Persepolis vu hier, qui a tout à  voir avec ce qui précède. C’est étonnant comme un graphisme plutôt minimal n’empêche aucunement d’avoir la larme à  l’oeil.

Notes

[1] Qui se réfère à  un article du magazine « Allez savoir » de l’Université de Lausanne

[2] avec aussi la bataille d’Armaguédon

[3] Via le Service biblique de la Fédération protestante de France

[4] Cf. l’article Wiki; cf. aussi cette image

[5] Ceci dit, les protestants non fondamentalistes choqués aujourd’hui à  juste titre par l’apocalyptomanie sont moins mal à  l’aise avec la rhétorique de leurs ancêtres dans la foi qui taxaient le Pape d’Antéchrist…

[6] Même si cette année la Gay Pride de Jérusalem a dû se faire sous très haute surveillance, et même si on enregistre une recul (provisoire?) pour l’égalité en matière de droits de successions, Israël reste aux yeux des gais palestiniens le paradis malheureusement inaccessible la plupart du temps.

Un commentaire

  1. 9 septembre 2007

    J’ai lu cet été le livre de Stéphan Zweig sur Erasme (livre qui date d’avant la guerre mais qui me parait toujours d’actualité), qui montre la lutte étenelle entre les modérés et les fanatiques. Avec les fondamentalistes on est dans la même logique que chez les fanatiques du temps d’Erasme (en l’occurence Luther ntamment)

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