Le tsunami Corbyn après la Dianalâtrie
Et Liz Kendall en Manuel Valls britannique
Contrairement aux élections générales, hélas, pas de surprise: Jeremy Corbyn élu dès le premier tour avec près de 60% des suffrages1, et Tom Watson, de tous les mauvais coups à l’intérieur du parti travailliste, comme leader adjoint; la seule consolation est que s’il y a quelqu’un qui sera prêt à agir sans état d’âme pour se débarrasser de Corbyn au moment opportun avant les prochaines élections, c’est bien Tom.
Une telle vague (Corbyn a gagné dans les trois électorats: les membres, les supporters, et les affiliés aux syndicats et autres organisations associées au Labour2) prête à rire plutôt qu’à pleurer, et renvoie à l’émotion invraisemblable qui a submergé le pays après la mort de Diana.
Corbyn n’est vraiment pas Hollande3, en revanche Kendall se profile, dans une analogie française, dans le sillage de Valls: 4%4 (lui a a fait 6% à la primaire présidentielle), et pourtant elle seule incarne un futur possible, et la colonne vertébrale5 qu’il faut.
J’ai eu le grand plaisir d’assister à son discours final, jeudi dernier, au moment de la clôture du scrutin. Elle prenait date et d’ores et déjà plaçait ses jalons sur l’avenir du parti et de la gauche. J’avoue n’avoir jamais entendu parler d’elle avant cette campagne, mais toutes ses interventions ont été solides et convaincantes. Contrairement à la France, toutefois, au Royaume-Uni les Poulidor ne sont pas adulés6: il y a peu de chance que Liz revienne au tout premier plan. Mais le groupe parlementaire recèle plusieurs personnalités susceptibles d’émerger – probablement seulement pour 2025, hélas.
Fascinante expérience aussi, puisque j’ai adhéré au Labour il y a un an en complément de mes 45 ans comme membres du PS suisse, de parler en sa faveur à l’assemblée des membres de ma circonscription (Cities on London and Westminter), ainsi que pour Ben Bradshaw comme leader adjoint – et de gagner sur les deux points! Mais les deux ont fini derniers au scrutin national, comme quoi on est peu de chose et il doit bien y avoir une « bulle » londonienne…
- J’espérais au moins un sursaut de ma seconde préférence, Yvette Cooper, mais non, c’est l’opportuniste de gauche Andy Burnham qui suit avec 19%. [↩]
- Même si, et c’est significatif, il n’a pas obtenu la majorité absolue des membres. [↩]
- Ni d’ailleurs Mélenchon. [↩]
- Soit misérablement 18’000 voix: comme dit l’homme de ma vie, nous les connaissons probablement tous! [↩]
- Les « couilles » usuelles semblant inappropriées – et Liz est toujours en hauts talons! [↩]
- Sauf erreur, aucun leader n’a été élu après avoir perdu une première fois. Sous la Ve République, seuls Pompidou, Giscard et Sarkozy furent élus du premier coup; Mitterrand, Chirac et Hollande n’ont gagné qu’à l’usure et à un âge avancé. [↩]