Manifeste d’Euston: le grand jour
De retour à Londres, et je me rends tout à l’heure à la manifestation de lancement du Manifeste d’Euston dans le monde réel, après le monde virtuel de l’Internet. Je vous raconterai ce que cela veut dire concrètement, selon les usages politico-médiatiques de la gauche britannique: d’ores et déjà sachez qu’il fallait s’inscrire par mail pour recevoir un billet d’entrée — ce qui a à tout le moins permis de constater que le cadre universitaire retenu primitivement était trop petit!
Le Manifeste d’Euston a pour ambition de redéfinir ce qu’être de gauche, être progressiste, veut dire aujourd’hui, et cela n’a rien de spécifiquement britannique. Depuis quelques jours, la traduction française du Manifeste à laquelle ce blog a contribué sur un mode open source, est sur le site officiel pour tous les francophones intéressés: il y a déjà quelque 1600 signataires. Il est aussi traduit d’ores et déjà en allemand, espagnol, finlandais, hébreu, italien et suédois (le nombre de signataires / blogueurs italiens, par exemple, a de quoi faire honte à l’isolationnisme français) et suscite l’enthousiasme jusque parmi les militants démocratiques en Iran, où une traduction en persan est en cours!
A tout à l’heure pour la suite.
COMPLEMENT DU 26.05 à 0h50
Deux heures d’une assemblée très sage — l’opposition ne s’était manifestement pas déplacée — se terminant par une quête (et un appel aux bonnes volontés à s’inscrire au moyen du formulaire distribué sur les places) et une verrée au foyer: la réunion a permis de donner voix et chair à ces blogueurs et autres graphomanes qui constituent le Groupe d’Euston et son Manifeste. Sur le podium, de gauche à droite, Alan Johnson, Eve Garrard, Nick Cohen (qui présidait), Shalom Lappin et Norman Geras ont d’abord chacun présenté un bref exposé avant, dans une deuxième partie, de répondre aux questions que le public avait posées par écrit. S’il faut résumer d’un leitmotiv: « La vraie gauche, humaniste, solidaire et internationaliste, c’est nous! ».
A lire ailleurs
- L’exposé introductif de Norman Geras est, évidemment, sur son blog et mérite la lecture! (A toutes fins utiles, je signale également cette interview de Norm dans Jungle World – die linke Wochenzeitung).
- Le deuxième exposé, de Shalom Lappin.
- Le troisième exposé, d’Eve Garrard.
- Et pour terminer l’exposé d’Alan Johnson.
BILLET ACTUALISE LE 04.06 à 22h28
charmant mais il semble tout de même qu’en dehors de déclarations largement consensuelles, à moins de s’avouer un ennemi déclaré de toute liberté, toute cette belle déclaration revient à : vive le libéralisme (mais nous sommes un peu honteux) et vive l’Amérique, comme si on pouvait être pour ou contre les USA en eux mêmes
@Brigetoun: Je ne suis pas sûr que la dénonciation du « deux poids, deux mesures » anti-impérialiste et de l’antisémitisme de gauche drapé dans l’antisionisme, le rappel de l’universalité des droits de l’homme et la promotion de l’ingérence humanitaire soient si consensuels… En Grande-Bretagne, la « gauche » dont les eustoniens se démarquent a en tout cas réagi vivement dans les médias. Et il me semble un peu réducteur de lire « vive le libéralisme » quand le manifeste propose à la gauche d’abandonner, sur la globalisation, son réflexe purement défensif (qui perpétue les inégalités dans le monde), mais de la mettre au service du développement et de la promotion de la démocratie.