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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Sil sur Siné

J’ai pris connaissance de l’affaire Siné en lisant d’abord le fameux éditorial de Val du 30 juillet 2008. J’ai vibré (sérieusement) devant l’énoncé de l’accord tacite qui prévaut à  Charlie: « nos satires, nos critiques, nos attaques concernent toujours des individus pour ce qu’ils font et jamais pour ce qu’ils sont. » J’ai aussi savouré la diatribe contre la nostalgie d’une « liberté de proférer des insultes machistes, antisémites et homophobes » (…) Une forme molle de fascisme, qui ne veut pas rendre compte de sa violence aux victimes de sa violence. »

Puis j’ai lu le texte incriminé de Siné, qui est écrit par quelqu’un qui a proclamé au moins une fois être antisémite. Mais si on tombe sur ce texte sans savoir qui l’a écrit, on ne peut pas le taxer d’être en lui-même porteur ou connotateur d’antisémitisme[1]. Tout le monde a fait le test: on pouvait remplacer judaïsme par protestantisme, islam ou scientologie, il s’agissait uniquement de dire du mal d’un homme politique en vue parce que fils-de en lui attribuant une mentalité détestable en général et arriviste en particulier[2].

Tout cela a déjà  été dit. J’ai parcouru bien des blogs. Il était évidemment gênant de retrouver les commentateurs réacs et haineux (je veux croire que ce n’est pas une tautologie) parmi les défenseurs de la liberté d’expression et autres pourfendeurs du politiquement correct. D’autant plus que, en l’occurrence, l’enjeu se situe moins du côté de la liberté d’expression, que du côté de l’interprétation d’un texte et de la distinction entre ce qui est dit et celui qui le dit.

Et voici qu’hier je suis tombé sur cet article du SIL sur son blog Républicoin (via eXtrême centre). C’est vraiment l’article que je souhaitais désespérément lire sur le sujet, qui fait la synthèse de tout ce que je pensais plus ou moins confusément. Son extrême (et impressionnante) longueur et la profusion des réflexions pertinentes en font un long feu d’artifice[3].

Notes

[1] Complément de François à  19h15: Personnellement je ne partage pas ce sentiment: le fait de lier judéité et appât du gain, qu’on le veuille ou non, évoque trop un préjugé antisémite pour être innocent. On doit donc l’éviter (alors que cela ne pose pas de problème vis-à -vis d’un protestant etc.) et il y suffisamment d’autres manière de dire des choses désagréables sur Sarko fils. Pour actualiser une formule de Norman Geras qui m’avait frappée sur le sujet: on peut dessiner McCain sous des traits simiesques, mais pas Obama car cela renverrait qu’on le veuille ou non à  la conception raciste faisant des Noirs les inférieurs des Blancs. Cela dit, je me retrouve aussi dans cet article du SIL car je trouvais que de part et d’autre on délirait pas mal.

[2] Qu’il s’agisse d’une accusation gratuite ou d’un fait avéré ne change rien, le test fonctionne pareillement.

[3] Pour terminer par une comparaison de saison – puisque ce soir a lieu le réputé spectacle pyromélodique (voir ce clip d’Athos99) qui clôt les Fêtes de Genève, l’exposition annuelle de tableaux de feu si chers (polysémie!) aux Genevois et à  leurs clients hôtes. Avec une profusion d’héritiers dans les hôtels étoilés et sur les quais: les candidatures à  la conversion ne doivent pas manquer!

3 commentaires

  1. Pilou
    9 août 2008

    Ceux qui attaquent Siné disent : «il a écris …», alors qu’il a seulement lu ; et recopié pour y faire le commentaire désobligeant : «Il ira loin ce petit».

    La phrase était dans un article, très neutre, de Libération du 23 juin traitant du rapport personnel des Sarkozy avec la judéité. Sujet justifié par la visite ce jour là  de NS en Israël.

    La phrase est une partie de l’interview du président de la LICRA.

    C’est mal de ne pas citer ses sources.

  2. 10 août 2008

    @ Pilou: Merci pour cette révélation que je complète avec le lien vers l’article et un extrait:

    Patrick Gaubert, président de la Licra et ami de Nicolas Sarkozy, assure n’avoir jamais parlé de ces questions avec lui. «Nous partions parfois en vacances ensemble avec une bande de copains juifs à  moi, mais ne parlions jamais de religion.» Il remarque qu’aujourd’hui, le fils de Nicolas Sarkozy, Jean, vient de se fiancer avec une juive, héritière des fondateurs de Darty, et envisagerait de se convertir au judaïsme pour l’épouser. «Dans cette famille, on se souvient finalement d’où l’on vient», s’amuse-t-il.

    Tout ce qui peut donner lieu à  une juxtaposition judéité – appât du gain est déjà  latent dans cet article, dans la bouche du président de la Licra, prête à  être exploité par le premier esprit mal tourné venu. Ce sera Siné, qui, exploitant ces éléments objectifs, produira un commentaire subjectif .

    Le 29 juillet, la LICRA a porté plainte contre Siné. On est bien dans cette logique: seuls les membres d’une communauté maltraitée par la majorité (esclavage, génocide…) ont le droit de plaisanter sur certains éléments qui dans la bouche des autres renvoient aux préjugés clichés qui ont accompagné de cette communauté — ou même de les évoquer en toute neutralité.

    Dans cette logique, seul un gai pourra dire d’un autre gai qu’il est coiffeur, grand couturier ou danseur. Dans la bouche d’un hétéro, cette juxtaposition pourrait avoir la connotation de folle tordue. Or les amalgames-clichés frappent tout aussi cruellement les gais. Mais, à  côté des horreurs nazies, talibanes, ayatollesques, il y a la violence que les gais s’infligent à  eux-mêmes quand, intériorisant l’homophobie de leur entourage (familial, scolaire), ils se suppriment eux-mêmes.

    En Suisse, les organisations gaies et lesbiennes se battent pour qu’on sanctionne les propos et les actes homophobes comme on le fait avec les propos et les actes raciste (art. 261 du Code Pénal, que la droite populiste voudrait abolir). C’est logique, ce n’est que justice. Si ce changement législatif intervient, il faudra probablement au début traquer plus impitoyablement que nécessaires certains écarts de langage – pour opérer des prises de conscience. Mais j’espère qu’on n’arrivera pas à  une situation intellectuellement si inconfortable, même si elle compréhensible – d’accord avec Noman Geras – dans laquelle les mêmes mots n’ont pas la même valeur suivant qui en est l’auteur, ou le référent.

  3. Bashô
    13 août 2008

    Je ne partage pas ton enthousiasme sur l’article de SIL. Je n’ai jamais apprécié Siné, je le tiens même depuis pas mal de temps pour un vieux aigri, je partage même l’essentiel de ce que dit SIL sur lui mais il fait preuve d’une certaine malhonnêteté intellectuelle (ce qui pour un mathématicien est équivalent au péché contre l’Esprit Saint 😉 ) en tronquant certaines citations dont celle de 1982.

    Au fait, à  propos de l’hindouisme, la situation est un peu plus complexe que ça; les prêtres sont souvent pauvres et font l’objet d’un réel mépris de la part des autres castes. Idem, pour les guerriers dont l’étoile a plus que pâli depuis l’indépendance de l’Inde.

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