Un Swissroll RSS

Webmix

Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Pour culpabiliser à  Noël en toute bonne conscience

Comment rehausse-t-on le goût du foie gras tout en empêchant qu’il soit écoeurant ? En lui donnant cette pointe d’amertume qu’est la culpabilité induite par la vue d’images d’oies en train d’être gavées (et parfois d’adorables petits canetons). Un truc qui repose sur un mécanisme vieux comme le monde. Lequel d’entre nous ne stimule pas sa libido en y mettant un peu ou beaucoup de sentiment de transgression?

Et, dans le même ordre d’idées: comment prévenir les excès de douceurs matérielles et morales qui menacent la population? La télévision locale genevoise a trouvé le régulateur acide pour ses téléspectateurs: le 18 décembre elle invitait Jean Ziegler à  parler de la faim dans le monde. C’était dans le cadre d’une émission culturelle et l’introduction de l’animateur revenait à  dire (sans cynisme semblait-il) que Ziegler était là  pour apporter la touche de mauvaise conscience sans laquelle il n’y a pas de fêtes de Noël.

En plus de l’adjuvant donné ainsi à  la digestion, on obtient un autre effet à  long terme: l’effet ONDD-N [1]. Tout au long de l’année, on n’aura plus besoin de s’intéresser et de culpabiliser. Et si quelqu’un d’autre tente de nous alerter sur le sujet sur un ton autre que celui de la vitupprédication du péché, on sera vacciné et la petite voix dira « Cause toujours… » au lieu de: Puis-je faire quelque chose, que ce soit à  titre individuel ou à  travers mes représentants politiques?

Pour rester dans les clichés et les marronniers. Quand j’étais petit, alors que ma famille était pourtant très croyante, je n’ai jamais entendu les lamentations saisonnières déplorant que Noël soit devenu une fête trop commerciale. L’argument était le classique: Les gens ont envie de se faire des cadeaux parce que Dieu nous a fait cadeau de Jésus. Je ne savais pas que la pratique des cadeaux existait dans beaucoup de cultures, qu’elle était même parfois encore plus contraignante que sous nos latitudes. Bref nous étions syncrétistes et respections simultanément les traditions spirituelle, mythologico-folklorique et commerciale.

Si je devais jouer les rabat-joie calvino-kantiens de Noël, je dirais que plus que l’imagerie du père Noël distributeur de cadeaux, c’est la liste dressée à  son intention qui me paraît être une horreur morale et spirituelle. On apprend ainsi aux enfants que le monde spirituel est à  leur service, qu »on peut le manipuler. On pervertit ainsi les jeunes consciences pour qui la récompense sera le motif pour faire le bien et qui, logiquement, diront en cas de coup dur « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça » — par exemple devant leur écran de télévision un 18 décembre.

Notes

[1] On Na Déjà  Donné, Na!

Un commentaire

  1. oleggg
    24 décembre 2007

    Bonjour,

    On peut être rigoureusement athée, matérialiste (au sens philosophique), moniste, s’être rendu compte à  8 ans de l’absence totale en soi de tout sentiment métaphysique, et regretter amèrement de vivre au sein d’une société qui n’arrive plus à  se retrouver qu’autour d’une universelle campagne de publicité. Quelque part y’a un relais de sociétés qu’on a mal négocié. On doit pouvoir faire mieux, moins superficiel, moins gaspilleur, plus simple. On passe des semaines à  préparer un « évènement » qui laissera chez à  peu près tout le monde une pointe de déception, le sentiment de quelque chose de manqué.

    Je pense que je pourrais supporter sans trop de mal une messe de noël, et même quelque part trouver ça intéressant et riche (faudra vraiment que j’essaie, un jour). Mais ce spectacle sordide, non, je n’y arrive plus.

    Et puisque les athées lisent parfois le Nouveau Testament, un texte de circonstance :

     »Lorsqu’il entra dans Jérusalem, toute la ville fut émue, et l’on disait : Qui est celui-ci ?
    La foule répondait : C’est Jésus, le prophète, de Nazareth en Galilée.
    Jésus entra dans le temple de Dieu. Il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple ; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons.
    Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de voleurs. »
    (Matthieu 21:10-13)

Les commentaires sont fermés