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Les bébés se font tous seuls

Alex Dépraz

Goldman peut revisiter son tube : « elle a fait un bébé toute seule » devient « le bébé s’est fait tout seul ». Libération de samedi publie un entretien avec Henri Atlan, spécialiste de la bioéthique, qui publie un ouvrage intitulé « l’utérus artificiel » sur « l’éctogenèse », soit le développement d’un embryon hors du corps de la femme de la fécondation jusqu’à  la naissance. Marcela Iacub, juriste et également chroniqueuse à  Libé à  ses heures, a également consacré sa dernière chronique à  ce livre. La technique n’est pas encore au point mais elle offre des conséquences vertigineuses que Atlan n’hésite pas à  comparer avec la généralisation de la contraception féminine (cela paraît justifié) et avec…l’invention de la machine à  laver (on comprend un peu moins)! L’utérus artificiel mettrait fin à  l’une des principales différences entre les sexes, source de nombreuses inégalités. Une grossesse extra-utérine pourrait en outre permettre à  des couples hétéro- ou homosexuels d’accéder beaucoup plus facilement à  la parentalité. Le mérite premier de ces textes est de rappeler que la manière dont nous concevons la reproduction et les rapports entre les sexes ne repose pas sur un quelconque ordre naturel mais bien sur des choix politiques. Pour s’en convaincre, il n’y à  qu’à  observer l’immense diversité des règles juridiques présidant à  l’établissement de la filiation (par exemple, la présomption de paternité et les conditions auxquelles elle peut être renversée) ainsi que celles sur l’accès aux méthodes de procréation médicalement assistée (couples mariés ou non, statut du donneur de sperme, possibilté du don d’ovules etc). Le sujet n’enthousiasme malheureusement pas le monde politique sauf pour quelques imprédications mettant en garde contre les apprentis-sorciers….

5 commentaires

  1. 19 août 2005

    Le mardi 5 avril 2005 à  11:11

    Bonjour.

    J’ai le sentiment qu’à  vous lire vous mélangez différences naturelles (grand, petit, homme, femme, chauve, poilu, etc.) et inégalités sociales. Les différences de traitements entre hommes et femmes est une inégalité sociale et plus particulièrement salariale. De même dans la répartition des tâches, encore qu’il faille faire preuve de discernement entre ce qui est accepté par chacun et ce qui est subi. Simplement, le fait qu’un couple homosexuel ne puisse pas procréer n’a rien d’une inégalité. C’est tout ce qu’il y a de plus naturel. Ce type de réflexion vous pousse <i>in petto</i> à  qualifier la nature d’inégalitaire, applicant ainsi un concept culturel à  un champ (la nature) qui n’en relève pas.

    Vouloir lutter contre les inégalités est une chose. Tout lire sous le prisme déformant de l’inégalité une autre. Comment ne pas penser aux délires de certaines féministes qui poussèrent très loin leur réflexion jusqu’à  des extrêmes dénoncés par Elisabeth Badinter.

    A trop vouloir en faire, on finit par stigmatiser plutôt que par intégrer.

  2. fredouil
    19 août 2005

    Le mardi 5 avril 2005 à  12:25

    il vieillit le Atlan, comme vous dite cette techno n’est pas pour demain ni meme pour apres demain, nous sommes tres tres loin de comprendre les differentes interactions mere-foetus alors les reproduires, faites moi rire.

    un petit bouquin pour se faire peur et se poser des questions inutiles comme si il n’y avait pas d’autre problemes.

  3. Alex Dépraz
    19 août 2005

    Le mardi 5 avril 2005 à  17:02

    Il n’y a précisément rien de moins « naturel » que la manière dont la filiation est organisée dans notre société. Au contraire, cela répond à  des choix politiques. Un exemple pour illustrer, choisi du droit suisse (mais qui peut être transposé dans la plupart des législations d’autres pays) : selon l’article 255 al. 1 du Code civil suisse (CCS), l’enfant né pendant le mariage a pour père le mari. Cette présomption n’est que difficilement réfragable, par une action en justice qui ne peut être intentée que dans certains délais. Or, dans bien des cas, cette filiation légitime ne correspond pas à  la filiation naturelle. Le droit l’admet : il s’agit notamment pour protéger l’enfant, qu’il y ait un débiteur de l’entretien. Deuxième exemple pour démontrer cette fois l’actualité du débat : en Suisse, le don d’ovules est interdit. Les couples hétérosexuels qui ne peuvent procréer pour cause d’infertilité féminine (ça arrive aussi) n’ont donc pas accès aux techniques de procréation assistée. L’Espagne, elle, admet le don d’ovules. On voit donc se développer un tourisme de couples qui vont en Espagne pour avoir recours au don d’ovules et ensuite donner naissance en Suisse (avec une filiation tout ce qu’il y a de plus juridique même si techniquement l’enfant n’est pas de sa mère…). Ces règles ont bien pour but de recourir à  ce qui est une inégalité naturelle, car comme les couples homosexuels, les couples stériles ne peuvent en effet pas avoir d’enfant « naturellement »…Dernier point pour fredouil : si c’est « l’interaction mère-foetus » qui est en jeu (et que l’on sera certainement bien incapable de reproduire), faut-il en déduire que tous les prématurés sont…différents?!

  4. fredouil
    19 août 2005

    Le mardi 5 avril 2005 à  17:33

    « faut-il en déduire que tous les prématurés sont…différents?! « 

    oui ils le sont !! biensur ceux qui survivent ont atteind un stade de development autonome mais cette separation precoce ne se fait pas sans consequence (faible QI et fragilite generale).

  5. 19 août 2005

    Le mardi 5 avril 2005 à  21:57

    Nous sommes d’accord sur le problème de la filiation qui n’a rien de naturel. C’est un fait. Par contre, l’analogie entre couples stériles et couples homosexuels me paraît peu pertinente. En effet, d’un côté, on peut penser qu’il y a un problème médical que la science peut résoudre. Dans l’autre sens, l’incompatibilité est totale. Deux hommes ou deux femmes ne peuvent pas avoir d’enfants ensemble. Il n’est donc pas question d’inégalité sur ce point.

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