PACS, partenariat, mariage: confusion et désinformation
En marge de la Gay Pride (comme on ne dit semble-t-il plus) de Paris, Le Monde annonce sur quatre colonnes:
Le gouvernement prévoit une union civile pour les homosexuels et des droits pour les beaux-parents
Quand on lit, on s’aperçoit qu’il ne s’agit pas du tout d’une annonce gouvernementale calculée pour tomber au bon moment, mais d’un simple rappel des engagements de Nicolas Sarkozy (le projet de loi est prévu pour l’automne) afin de donner l’occasion aux éternels insatisfaits de faire la fine bouche:
« Nous ne voulons pas d’un statut ghetto qui nous enfermerait dans une logique communautaire, souligne Alain Piriou, le porte-parole de l’Inter-LGBT, qui organise la Marche des fiertés. Le pacs n’a pas été réservé aux homosexuels mais ouvert à tous les couples. Nous demandons l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. »
Mais surtout, Le Monde persiste à présenter un tableau fantaisiste du statut des couples de même sexe dans divers pays, qui a l’avantage de laisser croire aux Français qu’ils ont bien sûr joué un rôle pionnier avec l’introduction du PACS en 1999:
Si la France créait ce statut (d’union civile), elle rejoindrait les pays européens qui se sont engagés dans cette voie depuis six ans. Le Danemark – le premier pays à autoriser le mariage gay, en 2001 – a été suivi deux ans plus tard par la Belgique, puis par l’Espagne tandis que la Grande-Bretagne créait en 2005 un partenariat civil ouvrant les mêmes droits que le mariage.
En réalité, c’est en 1989 que le Danemark a introduit une révolution tranquille: un statut de partenariat enregistré (union civile) conférant aux couples de gays et de lesbiennes des droits analogues à ceux que le mariage confère aux couples hétéros. L’exemple a immédiatement été suivi par d’autres pays, de sorte que le PACS a en réalité représenté une régression[1], mais n’a fort heureusement été que peu imité. Le partenariat enregistré continue de se généraliser dans le monde occidental (il s’étend actuellement parmi les Etats des Etats-Unis, puisque ce sont eux et non le pouvoir fédéral qui sont compétents). Quelques pays et Etats ont, eux, choisi la voie de la dématrimonialisation du mariage pour en faire une institution s’appliquant aux couples de sexes opposés comme aux couples de même sexe (voir aussi ce billet, ou alors nos oeuvres complètes sur le sujet).
COMPLEMENT DE GUILLAUME BARRY LE 01.07 à 19h45: Hier samedi, j’étais à la fête qui suivait l’enregistrement du partenariat de deux jeunes amis très engagés pour la cause gaie dans leur région (Jura suisse). Je ne sais pas combien de temps durera ce paradoxe (peut-être toujours?): à savoir que c’est justement la non-singularité de l’événement et de la fête (à part la singularité des personnes, des dynamiques familiales, et autres interactions) qui constitue une singularité. La ressemblance en tous points à une fête de mariage qui est rassurante et déroutante à la fois. Le père d’un des deux partenariés l’a bien compris, et dans son discours, il n’a pas joué la banalité. Il a témoigné de ce que l’homosexualité n’allait de soi ni pour les intéressés, ni pour leurs parents. Malgré (ou en raison de) sa sobriété extrême et des touches d’humour apportées, le discours n’a pas ému aux larmes que son principal destinataire.
Notes
[1] Régression hypocrite, puisqu’on cache le scandale de l’inégalité des couples de même sexe derrière le soi-disant « besoin » d’un statut intermédiaire entre « vivre ensemble » (concubinage) et le mariage pour les couples hétéros, régression dans les droits conférés du coup, car comme ce statut doit être inférieur au mariage pour les hétéros, il l’est du coup aussi pour les homos.