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Ne me parlez plus de salami

Les Suisses vont donc voter le 5 juin sur la loi sur le partenariat enregistré (Lpart). Ce projet de loi contient l’interdiction formelle pour un couple partenarié d’adopter et de recourir à  l’insémination artificielle. Mais ce week-end, j’étais confronté à  l’un des principaux arguments des adversaires de la Lpart: il faut dire non à  ce projet, même s’il convient avec son interdiction de l’adoption et de l’insémination artificielle , parce que les associations homosexuelles vont ensuite revenir à  la charge pour les demander. Et cela, conformément à  ce qu’on appelle la tactique du salami (est-ce que qu’on parle de tactique du saucisson sec dans le reste de la francophonie?). Quand on a des revendications difficiles à  faire passer, on les découpe en tranches en commençant par les plus acceptables. Quand on a fait passer la première tranche, on sert la suivante. Voici ce que j’ai répondu, inspiré par l’un des premiers pacsés de Suisse (au niveau cantonal, c’est une autre histoire):

L’argument de la tactique du salami est en effet invoqué par les adversaires de la loi sur le partenariat – or il est totalement dénué de pertinence dans le cas de notre pays. Il se trouve en effet que la Suisse est le seul pays au monde où on ne peut pas parler de tactique du salami, puisque le peuple a, potentiellement, toujours son mot à  dire sur chaque changement de loi. C’est faire insulte à  sa souveraineté que de penser qu’en acceptant le partenariat, il serait ipso facto amené à  accepter à  l’avenir d’autres changements législatifs. Le peuple reste souverain et décide de cas en cas. Les exemples abondent en la matière.

En effet, c’est exactement comme si ceux qui s’opposaient à  l’assurance-maternité ou aux quotas ou aux bureaux d’égalité au nom de convictions fondées sur le libéralisme s’étaient opposés au droit de vote pour les femmes (or la majorité ne l’a pas fait), sous prétexte que cela ouvrait la porte à  ce dont ils ne voulaient à  aucun prix.

Mais cela n’a pas ébranlé mon interlocuteur. Pour lui, d’une part, les adeptes de la tactique du salami se défendent toujours de la pratiquer. Et d’autre part, cette analyse s’appliquerait justement au processus démocratique helvétique, puisqu’il s’agit de découper en tranches des revendications qu’on fait démocratiquement accepter petit à  petit. C’est pourquoi il exigeait que les associations homosexuelles s’engagent à  ne JAMAIS demander ni le mariage ni l’adoption ni l’insémination artificielle. Mais, en politique, comment prendre au sérieux de tels engagements? Et n’est-ce pas une autre manière de dire « nous ne pratiquons pas la tactique du salami »?

Encore une fois, en Suisse, le peuple est chaque fois libre d’accepter ou de rejeter l’objet qu’on lui soumet, et l’expérience montre qu’il y a bien des pilules qu’on ne peut lui faire avaler, comme celle de l’assurance-maternité.

2 commentaires

  1. 21 mars 2005

    Honnêtement, votre argument me paraît assez rhétorique et peu convaincant.

  2. 21 mars 2005

    La tactique du salami s’appelle communément le saucissonnage en français standard 😉

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