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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Conseil d’Etat: le mieux pour Genève, c’est 3+3+1

A un électorat fâché et un parlement bloqué, il faut un gouvernement dont les membres sont contraints de s’entendre

La prétention de l’Entente de droite à non seulement présenter cinq candidatures, mais revendiquer cinq sièges sur les sept du prochain gouvernement est ahurissante.

La raison aurait voulu qu’elle joue la prudence après être tombée à tout juste un tiers des suffrages dans l’élection proportionnelle du Grand Conseil, et se limite à quatre candidats pour espérer tous les placer1. Or à cinq rien n’est moins sûr.

Car ce ne sont pas seulement les militants qui votent, mais aussi les citoyens lambda. Et même si leur intérêt et leur participation au scrutin est bien plus faible, ils sont quand même nettement plus nombreux. Ces citoyens lambda à qui on serine que le parlement est partagé en trois tiers égaux et que celui qui a gagné, c’est le tiers populiste formé de la coalition du MCG et de l’UDC2, comment vont-ils voter? Il y a bien des chances qu’ils composent leur bulletin en commençant par prendre les candidats les plus évidents et les plus convaincants: Maudet et Longchamp à droite, Emery-Torracinta à gauche, et Poggia chez les populistes. En s’arrêtant là ou en complétant selon leurs inclinaisons pour les trois sièges restants.

Et même les militants: pourquoi les démo-chrétiens voteraient-ils Rochat3, prenant le risque qu’elle élimine l’un de leurs poulains? Qui peut croire à la discipline des libéraux et des radicaux, entre eux et vis-à-vis du PDC4? Pourquoi les Verts voteraient-ils Apothéloz s’ils ne veulent pas mettre en danger Hodgers? Et les socialistes qui souhaitent légitimement retrouver enfin deux sièges au gouvernement, vont-ils vraiment voter pour l’ambitieux candidat Vert qui s’entendra si bien avec Pierre Maudet?

Pour confirmer son vote du 6 octobre, la raison voudrait que le peuple genevois élise un gouvernement dans lequel aucun des trois blocs ne domine: trois de droite (et plutôt deux sortants et un nouveau5 qu’une sortante qui a déçu…), trois de gauche, et un du bloc populiste qui doit maintenant montrer ce qu’il vaut dans l’exercice des responsabilités. C’est alors que les membres du Conseil d’Etat seront vraiment contraints de collaborer, alors seulement qu’ils parviendront à dégager les axes d’une politique crédible.

La journée de rafting à sept sur l’Arve à titre d’exercice de dynamique de groupe s’impose pour les futurs élus!

  1. La situation de l’Alternative de gauche est bien différente: si elle présente quatre candidatures, dont une de l’extrême gauche, ce ne sera ni avec l’espoir ni avec le risque de lui offrir ce siège, mais simplement parce que le « soutien sans participation » du troisième partenaire n’est pas très mobilisateur – or chaque voix comptera; elle espère trois sièges au plus, deux socialistes et un Vert, sans illusion. []
  2. Ce qui est indéniable, même si on est loin du raz-de-marée. []
  3. A qui Künzler a rendu le service d’occulter son mauvais score personnel – pas assez cependant pour permettre à son parti de lui substituer une candidature fraîche. []
  4. Il faut voir la répartition entre bulletins compacts et modifiés pour le Grand Conseil: c’est le bloc populiste le plus discipliné, et l’électorat de l’Entente qui modifie le plus son bulletin. []
  5. D’autant que Dal Busco semble d’une autre trempe qu’Unger. []