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News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Elections cantonales à Genève

Encore une législature perdue? Et dorénavant c’est pour cinq ans…

Album: les affichesC’était le grand jour pour le microcosme médiatico-politique genevois: 100 élus au Grand Conseil, le parlement cantonal, et pour la première fois simultanément le premier tour de l’élection des sept membres de l’exécutif (le Conseil d’Etat). Une élection qui ne laissera toutefois pas un souvenir impérissable dans l’histoire politique1 ni dans celle des arts graphiques tant les affiches ont été particulièrement inintéressantes (voir l’album2).

La nouvelle Constitution n’a rien changé au mode d’élection des 100 députés: le parlement reste élu à la proportionnelle. Les sièges sont répartis entre les seules listes qui franchissent le quorum de 7% (celui qui en Allemagne a été fatal au FDP et a empêché l’AfD d’avoir des élus n’était que de 5%). Le séisme attendu de la disparition du PDC ne s’est pas produit. L’extrême gauche, absente durant les deux dernières législatures du seul fait de ses divisions, revient laborieusement, guère au-dessus du quorum (mais bien sûr cela changera quelque peu la dynamique tant pour le parlement en général qu’au sein de la gauche).

Malgré l’échec de trois partis récents sur le plan national à s’implanter localement3, le Grand Conseil reste plus éclaté, émietté que jamais.

La description traditionnelle veut qu’il soit divisé en trois blocs de taille sensiblement égale:

  • la droite gouvernementale (libéraux, radicaux – devenus libéraux-radicaux – et démocrates-chrétiens)
  • la gauche (extrême gauche, peu portée à la conciliation et au pragmatisme et qui n’a aucune expérience de la participation minoritaire à un exécutif collégial dans laquelle au contraire s’épanouissent PS et Verts)
  • l’ailleurs populiste (alliance quelque peu hétéroclite d’un parti « localiste », non idéologique, qui est une constante historique à éclipse à Genève, le Mouvement citoyen genevois ayant pris la relève de Vigilance tout en étant moins connoté à droite, et d’une section elle-même atypique du plus grand parti du pays, l’UDC, normalement rattaché, même si c’est de manière conflictuelle, à la droite gouvernementale

Une autre lecture distinguerait le groupe pragmatique des partis gouvernementaux (PLR, PDC, Verts, PS) face aux extrêmes. Mais c’est un fantasme, de surcroît suicidaire: les partis gouvernementaux sortants qui traditionnellement composaient le 80% du parlement sont maintenant à moins de 60% et une telle alliance de compromis serait fragile en cas de votation populaire car sans discipline (ni le PS ni même les Verts ne sont prêts à couper les ponts avec l’extrême gauche; élaborer un programme de coalition et s’y tenir pour la durée de la législature, chaque parti énonçant explicitement ce qu’il renonce à défendre/revendiquer, est inenvisageable).

Au prix de reclassements qui ne sont guère engagés pour le moment, on peut aussi envisager une évolution des partis et des rapports de force parlementaire:

  • la gauche traditionnelle: extrême gauche et PS (ce dernier ayant l’habitude d’un balancement instable entre sa posture romantique et les possibilités réelles offertes par la participation au gouvernement)
  • le centre: Verts (qui se détacheraient d’une identification trop forte à la gauche ces dernières années) et PDC, ces deux partis pouvant chercher à récupérer les électeurs des partis qui n’ont pas obtenu le quorum
  • la droite dont l’accordéon s’est passablement contracté ces dernières années (le PLR est nettement moins que la somme de ses parties) et qui pourrait retrouver plus d’espace en intégrant l’UDC – mais ni l’un ni l’autre n’en prennent le chemin
  • l’ailleurs populiste qui serait alors contenu au MCG; il serait paradoxalement d’autant plus facile de collaborer avec lui qu’il serait débarrassé de la connotation idéologique de droite dure que lui donne l’UDC

Quoi qu’il en soi, il n’y a pour le moment pas d’autre solution que le cabotage à vue au Grand Conseil et devant le peuple, et le gouvernement devra continuer de faire avec. Le premier tour, si personne n’a encore été élu, a permis d’évaluer les forces et les faiblesses des partis et des personnes4 – encore faut-il ne pas tomber dans l’illusion d’optique: les cinq candidats PLR et PDC ne sont sortis en tête que par l’effet mécanique d’une liste commune, dans la réalité les trois blocs droite – gauche – alliance MCG-UDC disposent d’une base pratiquement identique s’il y a trois listes communes5.

A ce jeu c’est le tire-pipe dont les seuls sûrs d’être élus sont deux PLR, Maudet et Longchamp, et une socialiste, Emery-Torracinta. Les quatre autres sièges seront répartis au hasard entre PLR, MCG, PS, PDC et Verts. Les partis traditionnels parviendront-ils à éviter tout élu MCG?6 Le MCG placera-t-il non seulement Poggia mais aussi celui que tous les autres redoutent, Stauffer? Vous le saurez au prochain épisode – et j’espère que les affiches seront plus réussies!

  1. Sinon parce que c’est la première sous l’empire de la nouvelle Constitution cantonale, et que cela commence d’emblée avec une violation manifeste de la disposition relative à l’élection des suppléants… []
  2. Merci à l’ami Martin, ainsi qu’à mon co-blogueur car si la qualité n’était pas rendez-vous, la quantité oui, avec de laborieuses déclinaisons. []
  3. Les Vert’libéraux, parti des écolos qui ne s’assimilent pas comme les Verts à la gauche traditionnelle, le parti bourgeois démocratique de la conseillère fédérale UDC dissidente Eveline Widmer-Schlumpf, et le parti pirate, plus libertaire. []
  4. Michèle Künzler en a tout de suite tiré la conséquence chez les Verts, pour les socialistes le premier tour aura désigné les deux candidats au second, le PLR est sûrement conscient que sa troisième candidate est extrêmement fragile puisqu’elle fait moins de voix que le parti seul. []
  5. Il n’est guère envisageable que dans la nuit ils tombent d’accord pour une élection tacite autour d’un gouvernement formé de Maudet, Longchamp, Rochat, Poggia, Emery-Torracinta, Hodgers, Dal Busco… []
  6. Je n’y crois pas. []