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Election du gouvernement du canton de Genève

C’est 4 + 2 + 1, et une seule femme

Affiches - la galerieAprès l’élection du parlement et un premier tour pour le gouvernement,  le second! Onze candidats incarnant chacun l’une des trois tendances du moment s’affrontent – pour sept sièges: voir la galerie des affiches, pour une fois réduite au strict minimum.

La Suisse est peut-être le seul pays1 dont la fonction exécutive n’est généralement2 pas exercée, en dernière analyse, par un individu mais par un collège dont les membres ne sont issus ni d’une même tendance, ni même d’une coalition, et cela au trois niveau de l’Etat (Confédération, cantons, communes). Avec la proportionnelle pour les élections parlementaires et – surtout – l’existence des droits populaires, c’est l’un des éléments de ce que l’on appelle la démocratie de concordance (par opposition à l’alternance à laquelle on identifie parfois paresseusement la démocratie).

Dans quelques rares cas3, l’élection populaire se déroule au scrutin proportionnel, mais dans la grande majorité des cas c’est le scrutin majoritaire plurinominal qui s’applique: vous votez pour un à sept candidats, et les sept qui obtiennent le plus de voix l’emportent (l’ordre n’a pas d’importance).

Tous les mathématiciens vous diront que c’est un système absurde et illogique, une loterie et non un choix rationnel4. Ils vous suggéreront plutôt un mode de scrutin dans lequel vous devrez ranger dans un ordre de préférence les onze candidats pour faire vraiment émerger les sept qui s’imposent. Mais l’idée n’a jamais été sérieusement envisagée, et le système fonctionne5

Le résultat est maintenant tombé: quatre « bourgeois » ((Comme on dit dans le vocabulaire politique local, surtout à gauche, pour désigner les partis de la droite « gouvernementale », « légitimiste ».)) de l’Entente (deux libéraux-radicaux et deux démocrates-chrétiens), deux « roses-verts » de l’Alternative (un écologiste et une socialiste) et un « populiste » (du MCG « ni de gauche ni de droite », pas de l’UDC à la droite de l’Entente).6

Comme je l’ai déjà suggéré, c’est surtout le second siège démocrate-chrétien qui est critiquable; mais il est aspiré par automatisme grâce à la liste commune de l’Entente7. Le second socialiste ne rate l’élection que de 1’300 voix, mais par rapport à l’élu MCG, pas par rapport au PDC.

On m’avait dit que Thierry Apothéloz, actuellement à l’exécutif de la commune de Vernier, risquait de perdre des voix paradoxales: celles de citoyens qui l’apprécient et ne veulent pas le voir changer d’échelon. Pas sûr que cela se vérifie, il sort deuxième dans sa commune – mais l’on se rend compte que la situation ne doit pas être facile là bas: s’il n’en avait tenu qu’aux Verniolans, le Conseil d’Etat compterait trois populistes, trois roses-verts, Pierre Maudet (le mieux élu dans le canton) fermant la marche!

A souligner, la muflerie cynique des Verts et des libéraux-radicaux vis-à-vis de leur candidature féminine: sortante n’ayant pas convaincu dans les deux cas, Michèle Künzler a été pressée de se représenter, au premier tour, pour mieux mettre en valeur Hodgers en vue du second; et Isabel Rochat maintenue au second, malgré son résultat désatreux au premier et la revendication excessive de cinq sièges, en guise d’agnelle sacrificielle (et éviter à l’appareil la douloureuse décision soit de renoncer à une candidature de son aile « libérale » soit d’en présenter une nouvelle au second tour qui aurait pu troubler le jeu).

  1. Ou l’un des très rares, je suis preneur d’autres cas? Il y a certes la Commission européenne ou le Conseil européen, mais cela reste assez différent. []
  2. Sauf rares exceptions: Landamman dans certains cantons à Landsgemeinde? Certaines communes? []
  3. Comme au Tessin, pour sortir d’une guerre civile, ou à La Chaux-de-Fonds comme je l’ai appris à l’occasion de l’affaire Legrix! []
  4. La critique est légitime mais n’est valide à mon avis que pour l’élection populaire, pas pour la désignation du collège gouvernemental fédéral par les parlementaires, qui n’est pas assimilable à une agrégation de décisions individuelles même si le scrutin est secret. []
  5. « Cahin-caha », comme de Gaulle disait non sans chutzpah de la Constitution américaine! []
  6. Et merci à Martin pour les photos! []
  7. En Suisse l’électeur a le choix de prendre simplement une liste de parti, c’est ce que l’on appelle « voter compact », ou de la modifier en biffant ou en ajoutant des candidats (« panacher »), ou encore de voter à la main sur un bulletin « sans nom de liste ». Deux tiers des électeurs ont voté compact. []