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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Parité à  la tête: c’est possible!

Harriet Harman n’est probablement guère connue en dehors du Royaume-Uni. C’est la No 2 du parti travailliste, élue il y a 2 ans pour succéder dans cette fonction à  John Prescott en battant une série de candidats mâles tandis que Gordon Brown devenait, sans opposition, leader et donc premier ministre à  la suite de Tony Blair[1].

Dimanche dernier[2], elle a proclamé que les hommes laissés à  eux-mêmes faisaient mauvais usage du pouvoir (voyez les banques) et qu’en somme il était indispensable d’institutionnaliser cette parité au sommet qui existe aujourd’hui à  la tête du Labour. On imagine le débat convenu que cela a provoqué, les commentateurs et plus encore les commentatrices reprochant à  Harman d’assurer par avance sa réélection après le départ attendu de Brown[3] et surtout de vouloir imposer un favoritisme protectionniste qui, tel un quota, nuit en réalité à  la légitimité des femmes en politique. Acquis pour ma part à  la parité généralisée parce qu’elle est inscrite dans la personne humaine, j’ai déjà  décrit comment elle peut, juridiquement, être mise en oeuvre sans aucun favoritisme ni quota. Et cela pour des élections parlementaires tant au système proportionnel qu’au système majoritaire. Mais je ne voyais hélas guère comment arriver de manière raisonnable au résultat voulu dans ce qui est bien une élection uninominale (et Harriet, en bonne politicienne, s’est bien gardée de s’avancer sur cette question d’intendance).

Et puis, eurêka, la solution m’est venue — alors que je pliais du linge sorti de la machine à  laver! Si un décalage dans le temps des deux élections (leader d’abord, avec des candidats des deux sexes, puis No 2 ouvert seulement aux candidatures du sexe opposé) n’est pas très satisfaisant, un mode de scrutin donnant aux membres[4] deux voix pour le poste de deputy leader, l’une pour choisir parmi les candidats, l’autre parmi les candidates, me semble respecter toutes les conditions. Nul n’est empêché d’être candidat. Nul n’est déclaré élu alors même qu’il aurait été battu aux voix par un concurrent[5]; c’est le sexe de la personne élue leader qui, conformément à  un principe fondamental de parité que le parti aura lui-même reconnu, détermine lequel des deux deputy leaders-elect entre en fonction. Ajoutons quelques règles supplémentaires de bon aloi (n’appliquer ce mode de scrutin que pour autant qu’il y ait au moins deux candidats de chaque sexe, voire que l’élection du leader ait été disputée par des représentants des deux sexes) et, en effet, la proposition Harman, au départ coup médiatique en profitant des vacances de Gordon Brown, est parfaitement apte à  être transcrite dans les statuts du parti. Chiche?

Notes

[1] C’est une des curiosités britanniques, pour un étranger, que l’organisation des partis paraît répondre à  une géométrie bonapartiste que les partis continentaux n’ont pas. Tous ont une tête bicéphale avec leader et deputy leader, tous tiennent une conférence annuelle en septembre, tous publient un Manifesto en vue des élections parlementaires: un vrai jardin à  la française!

[2] Dans une opération médiatique bien montée combinant le Sunday Times et l’émission politique phare d’Andrew Marr à  la télévision le dimanche matin.

[3] Ce qui est la sousestimer: il est probable qu’elle sera parmi les candidats pour lui succéder.

[4] Ca c’est une spécificité travailliste, conservateurs et libéraux démocrates laissent le leader choisir son No 2.

[5] Comme, soit dit en passant, c’est possible en Suisse, sans soulever la moindre indignation, pour l’élection populaire des membres du gouvernement des cantons de Berne et du Valais — afin de garantir un siège à  la minorité francophone.