Quand le NHS vient «plomber» la réforme de santé d’Obama
Dernière édition: 25.08 à 22h35
La campagne «pour» ou «contre» le projet couverture maladie universelle bat son plein aux Etats-Unis et prend un tour à vrai dire préoccupant: à croire que le terrain n’est pas encore bien préparé pour cela. Et, c’est la loi du genre, il y a aussi pas mal de fantasmes à dissiper, de représentations collectives dans lesquelles il faut pouvoir se situer.
L’une de ces batailles symboliques concerne le NHS britannique: un système de santé étatisé et gratuit ouvert à tous — mais dans lequel, le patient est vraiment cela, pas un client, à peine une personne, mais vraiment un organisme à soigner au meilleur coût en suivant des procédures et des objectifs planifiés de manière centralisée et technocratique. C’est bien sûr l’opposé le plus complet du système américain actuel qui ne connaît qu’un marché de la santé (florissant) avec des assurances commerciales, souvent liées à l’employeur (cela fonctionne bien pour la majorité de la population), un filet social assuré par les pouvoirs publics pour les nécessiteux, et entre deux une situation certes insatisfaisante, mais qui ne concerne qu’une minorité. On comprend que les défenseurs du statu quo utilisent le NHS comme repoussoir.
Obama aurait bien sûr tout intérêt à démontrer que son système de couverture maladie, fondé de manière souple sur des assurances individuelles, n’a vraiment rien à voir avec un système «stalinien»[1]… que cela correspond en réalité à ce modèle dans l’imaginaire universel, la Suisse de Heidi! L’ennui c’est que les Britanniques (Gordon Brown en tête) ne jouent pas le jeu et tiennent à défendre le NHS vis-à -vis des Américains, mobilisant Twitter pour cela. On n’est vraiment trahi que par ses amis.
COMPLEMENT DU 25.08 à 22h35: Je découvre que l’économiste Paul Krugman a développé « mon » argument sur le modèle suisse dans sa chronique du New York Times du 16 août. Qui est publiée en français sur le site de la RTBF!
Stephen Hawking aurait donc dû laisser passer l’affirmation selon laquelle s’il était né britannique, le NHS ne l’aurait pas laissé vivre? 🙂
Lol, évidemment… J’avais d’abord seulement vu qu’Hawking était au front et (avant de prendre connaissance du « prequel » dans l’article du Times) je trouvais quelque peu excessif le sous-entendu qu’ailleurs qu’au Royaume-Uni il n’aurait pas survécu.
Ce passage est ironique, ce n’est pas possible :
« ‘C’est bien sûr l’opposé le plus complet du système américain actuel qui ne connaît qu’un marché de la santé (florissant) avec des assurances commerciales »
oui, avec du coup des dépenses de santé en moyenne 2 fois plus grand que n’importe quel autre pays développé pour une efficacité contestable
» souvent liées à l’employeur (cela fonctionne bien pour la majorité de la population), »
euh… moi j’ai eu des ennuis de santé relativement bénins (root canal), ça m’a coûté la peau de l’avant bras (1000 $ ) malgré mon « excellente » assurance médicale assurée par l’université. J’espère ne jamais avoir de gros pépin de santé : je me souviens encore des affiches dans l’ascenseur faisant une quête pour payer l’opération de la secrétaire du département qui avait une tumeur au cerveau. Et l’un des problèmes majeurs sont les fameuses « preexisting conditions » qui sont là pour exclure effectivement les malades.
» un filet social assuré par les pouvoirs publics pour les nécessiteux, et entre deux une situation certes insatisfaisante, mais qui ne concerne qu’une minorité. »
Une minorité d’environ 20 % de la population … Comme dirait l’autre, l’ultra-libéralisme, ça marche très bien pour les survivants.
Sur le fond, je ne comprends pas cette focalisation sur le NHS. Le Canada n’est pas si loin…
Pas de malentendu, hein: moi j’étais déjà pour le projet d’Hillary en 93! Mais je sais que c’est difficile: en Suisse où ce genre de choses se décide en votation populaire, le principe a été inscrit dans la Constitution en 1890 (influence bismarckienne?) et ce n’est qu’en 1994, après plusieurs échecs, qu’un système d’assurance maladie obligatoire est parvenu à recueillir une majorité.
Je constate juste que les adversaires du projet ont bien joué en ciblant sur le NHS, qui n’a pas grand-chose à voir avec ce qui est proposé aux US…