Affaire Castel: entre rupture et connivence
La brebis égarée est rentrée au bercail (avec un affreux bibi sur la tête): on est rassuré de voir que la justice peut renvoyer une autre image que celle d’Outreau, lorsqu’elle ne juge pas le Lumpenproletariat mais les rejetons de la bourgeoisie intellectuelle, et 25 ans après les faits plutôt qu’en comparution immédiate. Comme de juste, Le Monde parle des « victimes » entre guillemets (le personnel et les clients, qui ont eu le temps de se remettre de leur terreur d’être pris dans une attaque à main armée en 1980; le directeur de l’agence avait été grièvement blessé) et sait nous faire plaindre Hélène Castel dans sa fuite mexicaine (entrecoupée, nous dit-on, de visites de son père, le sociologue Robert Castel, et de son frère). L’avocat de la partie civile, la BNP, s’est montré on ne peut plus compréhensif. Jusqu’à l’avocat général Philippe Bilger qui participe à cette métamorphose de la justice publique en psychothérapie privée en se réjouissant d’avoir enfin pu mener un procès avec l’accusée plutôt que contre elle, et trouve les accents mystiques du bon berger: « tout est accompli, tout est bien ». Cela a certainement fait chaud au coeur dans les banlieues.