Quand le gardien du temple y boute le feu
Steve
L’observateur attentif de la politique suisse aura découvert avec étonnement que le titre des nouvelles lois soumises au vote final du Parlement (cf. loi sur la consultation) est désormais systématiquement orné d’un astérisque renvoyant au commentaire suivant: «Les termes désignant des personnes s’appliquent également aux femmes et aux hommes».
Si l’on ne peut que regretter qu’«indistinctement» n’ait pas été préféré à «également», qui brille évidemment d’un éclat plus féministe, et que l’ordre logique «hommes et femmes» (le bon usage voulant que le second terme désigne celui qui est discriminé, comme dans «hommes et femmes sont égaux devant la loi») n’ait pas été respecté, le justiciable doté d’un minimum de sens commun pourra en conclure, en bonne logique juridique, que toutes les autres lois (qu’il n’est pas prévu de modifier) ne s’appliquent a contrario qu’aux hommes! Ce superbe résultat, c’est à la Commission de rédaction des Chambres fédérales que nous le devons, un pompier linguistique devenu pyromane pour l’occasion…
Le 4 mars dernier, Pascal Décaillet dénonçait dans un article virulent (qui m’avait été signalé par Guillaume Barry) les doublons du type «les électeurs et les électrices» (en réalité, c’est plutôt «les électrices et électeurs» qu’on tente de nous imposer), dont les Suisses alémaniques rafolent (pour rappel, l’allemand standard est, pour de nombreux Suisses alémaniques, une véritable langue étrangère, ce qui se ressent tant dans leurs écrits que dans leur (in)éloquence et leur manque de sensibilité linguistique, notamment en ce qui concerne les doublons précités, doublons que les germanophones d’Allemagne ont su rapidement jeter aux orties). à€ vrai dire, il semble que la mesure susvisée soit un gage de bonne volonté donné aux parlementaires qui alimentent leur fond de commerce bien pensant de l’égalité entre hommes et femmes (pardon, du gender mainstreaming à présenter, si possible, dans des gender reports, ça fait plus savant). En toute franchise, il faudra bientôt réviser nos grammaires à la rubrique masculin générique, puisque le législateur nanaïsant semble en avoir oublié l’existence.