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Elections britanniques: jour J

De retour du bureau de vote (moi je me suis contenté de regarder, évidemment). Dans un sous-sol d’école, l’électeur présente la carte de vote qu’il a reçue à  domicile, son nom est biffé du rôle et il reçoit un seul bulletin de vote en trois colonnes: le nom des candidats, le logo du parti s’il y en a un et la case à  cocher. Cette opération s’effectue dans une rangée d’isoloirs en contreplaqué à  vrai dire sommaires: ni porte ni rideau. L’urne est encore moins cérémonieuse: une boîte noire cabossée.

A l’extérieur du bureau, un militant travailliste et un militant conservateur, dûment encocardés, disposent de leur propre liste de noms à  biffer. Cela donne tout son sens au canvassing (porte-à -porte) qui est censé s’être déroulé les jours précédents: le candidat (ou des militants en son nom) vous demande très directement s’il peut compter sur votre vote; si vous répondez positivement, et qu’en fin d’après-midi vous n’avez toujours pas voté, les grands moyens seront déployés pour vous rappeler à  votre devoir, en vous conduisant au local s’il le faut. (A vrai dire, rien de tel ne s’est passé chez nous; mais je me fie à  un excellent bouquin historico-politico-comique, Things Can Only Get Better, l’éducation politique d’un militant travailliste sous Thatcher, par John O’Farrell.)

Bien sûr tout ce folklore risque de disparaître avec la généralisation du vote par correspondance, qui commence encore modestement avec cette élection mais suscite déjà  les plus grandes craintes, comme toute innovation qui dérange une routine. Les risques de fraude sont plus imaginaires que réels, ou plus précisément davantage imputables au laxisme avec lequel est tenu le rôle des électeurs. Pour un Suisse, habitué à  l’automatisme du droit de vote fondé sur un suivi bureaucratique minutieux appelé traditionnellement « contrôle de l’habitant », l’idée qu’il faille s’inscrire, puis renouveler régulièrement son droit de vote sous peine de le perdre, écorne sérieusement l’image de la « mère des parlements » et du suffrage universel; mais l’élite politico-médiatique s’indigne toujours à  l’idée d’un document d’identité obligatoire qui figure au programme de Blair, et que dans les sondages la population, elle, accepte sans problème. Le véritable impact du vote « hors sol » (par poste ou par Internet), c’est l’étalement et la dissémination qui obligent à  changer la manière dont les campagnes électorales se déroulent. Certaines critiques faites au vote par correspondance (comme aussi au vote par Internet) sont cependant loin d’être absurdes: par exemple la pression conformiste que l’on imagine volontiers dans des familles musulmanes traditionnelles. Mais je ne crois pas que le raidissement sur les traditions soit la bonne réponse.

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