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Retour sur Thomas Hirschhorn

Du plasticien suisse Thomas Hirschhorn, je connaissais seulement le scandale autour de son exposition au Centre Poussepin, à  Paris, il y a une année: elle avait eu pour conséquence immédiate une réduction de la subvention à  la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia par le parlement fédéral.

Mais deux splendides pages dans Le Monde de ce matin donnent une toute autre image, combien plus positive, du personnage et de son engagement (comme c’est régulièrement le cas depuis la nouvelle formule, le site donne bien l’information brute mais l’édition papier, par son graphisme et ses compléments iconographiques, apporte une valeur ajoutée réelle).

Avant les émeutes des banlieues, avant même son exposition Swiss-Swiss Democracy, Thomas Hirschhorn s’était mis en tête de monter le Musée précaire Albinet en Seine-Saint-Denis (le fameux « 9-3 »), non loin de son atelier:

Du 19 avril au 14 juin 2004, le plasticien suisse Thomas Hirshhorn délaissait les galeries new-yorkaises et les expositions européennes (…). A raison d’une exposition par semaine, il installait dans une structure temporaire montée au pied de la barre d’HLM, les œuvres de huit artistes majeurs du XXe siècle : Beuys, Dali, Duchamp, Le Corbusier, Léger, Malevitch, Mondrian et Warhol.

Pas des reproductions ou des travaux secondaires, mais des originaux, prêtés par le Musée national d’art moderne (centre Georges-Pompidou) et le Fonds national d’art contemporain. Une bibliothèque, une salle pour les ateliers d’écriture et une buvette étaient adjointes à  la salle d’exposition. Les gamins de la cité y côtoyaient les amateurs de peintures. Des spécialistes venaient présenter les artistes exposés. Des débats étaient animés par diverses personnalités (Camille Laurens, Tiphaine Samoyault, Leila Shahid…).

Pendant huit semaines, les habitants des 111 logements de la cité se voyaient plongés dans le monde de l’art. Comme spectateurs, bien sûr, mais aussi comme acteurs. Construction du musée, transport, déballage et accrochage des oeuvres étaient confiés à  une douzaine de jeunes du quartier, préalablement formés à  Beaubourg ou à  la Biennale d’art contemporain de Lyon. Des adolescents s’essayaient aux ateliers d’écriture, des enfants se lançaient dans la peinture abstraite et le détournement d’oeuvres, des adultes participaient à  diverses excursions culturelles pendant qu’en coulisse une poignée de femmes préparaient la cuisine et géraient la buvette.

C’est cette aventure, mais surtout les traces qu’elle a laissée 18 mois plus tard, que raconte dans un reportage Nathaniel Herzberg, appuyé sur la publication d’un ouvrage et d’un DVD.

Dans sa note d’intention, rédigée en février 2003, l’artiste suisse assignait aux oeuvres exposées « une mission spéciale, non pas de patrimoine mais de transformation, peut-être leur mission initiale ». Trois ans plus tard, les difficultés du quartier sont intactes. Au risque de décevoir les plus optimistes, la banlieue n’est pas soluble dans l’art. Mais à  la barre Albinet, ils sont quelques-uns à  avoir entendu le message de Thomas Hirschhorn.

Un commentaire

  1. 11 janvier 2006

    Ah les artistes et la Suisse… Pipilotti et l’expo01/02, Hirshorn et Pro Helvetia, Marthaler et Zà¼rich et plus récemment l’annulation à  la dernière minute d’une tournée de spectacle financée par la DDC en afrique…. C’est fou, à  chaque foi qu’une instance officielle engage un artiste ambitieux, il faut qu’à  un moment donné elle recule. On pourrait créer un nouveau lablel de qualité « Swiss artist refused by her/his country ».

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