Un Swissroll RSS

Webmix

Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Avocat du (diable de) structuralisme

Dans cet article du Temps du 11 février, Anna Lietti citait avec force approbation le revirement d’un des gourous du structuralisme , auquel elle confessait avoir adhéré sans réserve et sans esprit critique en son temps. Cette chronique m’a incité à  lui écrire ceci:

(…) Les dérives sectaires, dogmatiques, précieuses et ridicules du structuralisme sont indéniables, et l’étaient déjà  aux yeux de plus d’un contempteur de l’époque. Il n’empêche. Certaines positions structuralistes ont paru libératrices à  l’adolescent que j’étais et qui les découvrait. Apprécier une oeuvre littéraire pour elle-même, c’était s’affranchir du psychologisme positiviste lourd de certain prof et du moralisme politique ambiant qui s’interposent entre l’oeuvre et ses destinataires. Malheureusement, la lourdeur des dispositifs d’analyse et la suffisance des analystes ou des théoriciens du structuralisme leur ont permis de faire au moins autant de mal que ce qu’ils se complaisaient à  dénoncer.

Pour moi, c’est leur intuition qui tombait sous le sens. On peut apprécier une oeuvre de musique sans rien savoir de la vie extérieure ou intérieure du compositeur. C’est une attitude fondamentalement structuraliste. Mais on peut se pencher sur une partition et savourer les perfections mathématiques ou géométriques qu’on y découvre. C’est aussi une attitude structuraliste. Dans le domaine théologique, qui m’intéresse, la structuraliste attitude, consistera à  se confronter à  un texte biblique renvoyant dos à  dos le fondamentalisme aplatissant et l’érudition qui court-circuite l’interpellation.

Le structuralisme contribue à  la construction du sens, qu’il aime et fait aimer. Ses oukazes contre les autres méthodes viennent de ce qu’il a dû imposer son approche dans un monde figé pour qui il ne tombait pas sous le sens. La roue a tourné, une roue que des structuralistes ont réinventée: la vie féconde une oeuvre. Mais je reste persuadé qu’une oeuvre est aussi là  pour arracher le lecteur aux causalités immuables de la vie ordinaire et non l’imiter ou la reproduire.

Ceci dit, il n’y a rien à  quoi je ne peux acquiescer dans votre article, pour lequel, comme toujours, une approche structuraliste n’est pas nécessaire pour apprécier son aspect délectable. Avec mes meilleures salutations (…).

COMPLEMENT DE FRANCOIS à  16h50: J’aime bien aussi les chroniques d’Anna Lietti. Et je me dis que tous les espoirs sont permis. Elle finira peut-être par sortir de cet autre envoûtement qui la conduit (l’a conduit) à  tenir (sur la filiation et le nom de famille) de ces propos abstraits auxquels on fait semblant de croire quand on n’éclate pas de rire: la psychanalyse.