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Le capitalisme doit rester à la niche

Dernier livre (en papier) lu ces temps : Misère de la prospérité. Le religion marchande et ses ennemis. de Pascal Bruckner (en Livre de poche, l’ouvrage est d’abord paru chez Grasset et Fasquelle en 2002). On pourrait croire à un énième pamphlet anticapitaliste et antimondialisation. Ce que cela n’est pas, et c’est cela qui est intéressant. Bruckner dénonce la pensée du tout économique, qualifiée d’économisme, mais aussi l’anticapitalisme primaire, l’antimondialisme et et l’antiaméricanisme.

Les renvoie-t-il dos à dos pour autant? Pas sûr. Certes, il donne à voir avec pertinence ce que l’enthousiasme peut faire écrire aux thuriféraires du capitalisme, qui n’ont rien à envier à ses détracteurs en matière d’aveuglement idéologique. Il n’empêche. Pour Bruckner, le capitalisme a une place, une fonctionnalité : c’est un outil. On a rien de trouvé de mieux pour produire des richesses, « simplement » il doit rester à sa place, sans être absolutisé ou divinisé:

« On entretient donc avec le capitalisme un rapport qui n’est ni d’amour ni de haine mais de pur cynisme. (…) On se sert de lui comme il se sert des hommes, sans gratitude ni malédiction, en gardant en mémoire qu’il est simultanément un facteur d’opulence sans précédent et de discorde irrémédiable. (…) On admet le capitalisme en dépit de ses imperfections et parce qu’il est imparfait, ce qui le rend amendable. »

Une vision qui colle assez bien à la doctrine (calviniste notamment) du péché universel, même s’il n’est pas sûr qu’un bon protestant souscrirait au terme de ‘cynique’. Et pourtant: l’humanité étant uniformément contaminée par le péché, il n’y aucune illusion à se faire à tout ce qu’elle produit. Mais la foi en la Grâce autorise tous les espoirs de progrès (de perfectionnement donc) et interdit le découragement ou la révolte nihiliste. A noter qu’on est ici dans une autre perspective que celle d’un Weber qui met en relation le capitalisme avec la doctrine de la prédestination.

Pascal Bruckner a aussi écrit « L’euphorie perpétuelle ». On peut le qualifier de moraliste, au sens littéraire et philosophique du terme. Parfois aussi dans un sens un peu trop généraliste et débiteur de leçons. Mais il a quand même fait partie des rares intellectuels français dissidents sur la question de l’Irak.

A propos de Misère de la prospérité, on peut lire cette brève interview du Figaro étudiant.