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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Paradoxes ascétiques

La troisième conférence du cycle que j’organise était consacrée aux illusions de l’ascétisme chrétien. J’en ai retenu deux sujets d’étonnement.

1) Premier sujet d’étonnement. Dans le christianisme des premiers siècles, l’ascétisme, qui vise à la suppression de toute vie sexuelle, a toujours été le fait d’une minorité. Et il faut savoir que la méfiance envers le corps et la sexualité est totalement étrangère au judaïsme et à la pensée de Jésus, comme à celle de Paul. Certes, ce dernier a exprimé sa préférence personnelle pour le célibat, mais c’était pour des raisons de disponibilité temporelle. (Parce qu’on était à la fin des temps et qu’il y avait plus urgent à faire.) En revanche, il a fustigé l’angélisme de ceux qui négligeaient leur vie conjugale sexuelle sous prétexte de prière. (Il n’est pas bon de se refuser l’un à l’autre et de « brûler ».) C’est donc un paradoxe des plus piquant que le christianisme ait évolué de manière à devenir l’incarnation du rejet de la sexualité par excellence (malgré le redressement de la Réforme).

2) Deuxième sujet d’étonnement. A l’époque, il n’y avait pas d’individu, mais la famille, le clan, la société. En allant vivre à l’écart, dans le désert, en cherchant à rompre avec des désirs qui déterminaient toute la société, les ascètes ont inventé la possibilité d’exister comme individus. Or l’avènement de l’individu, c’est justement ce qui caractérise la modernité. On peut donc dire que, à travers ce qui est le plus éloigné de la modernité, le rapport à la sexualité, les ascètes ont été les « modernes » de leur temps.

Matière à dissertations de baccalauréat ?