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Mots au féminin

Le Temps publie aujourd’hui un article, qui paraît destiné à  rester en ligne, sur le serpent de mer du vocabulaire non sexiste (en se référant au Figaro Littéraire).

J’en profite pour rapatrier ici des commentaires qui ont germé originellement sous un tout autre billet!

6 commentaires

  1. Alex
    9 décembre 2005

    L’adoption d’un nouvel emblème aura – semble-t-il – des impacts concrets sur le terrain, ce qui suffit à  mes yeux à  le légitimer. En va-t-il de même avec le nouveau combat de MCR soit le remplacement de l’expression « droits de l’homme » par celle de « droits humains » ?! J’avoue être un peu dubitatif…

  2. Guillaume Barry
    9 décembre 2005

    Faudrait-il préférer ‘les droits de l’homme et de la femme’? Je ne suis pas spécialement un fan de MCR, mais je pense que s’il devait y avoir un juste combat, ce serait celui-là , car c’est celui qui concerne le plus de monde. Même si ‘homme’ peut avoir une valeur épicène, même si les textes féministiquement corrects y perdent terriblement en élégance, en concision: la vraie élégance, la vraie justesse, la vraie justice, c’est de montrer qu’on n’occulte pas la moitié de l’humanité – comme le fait la grammaire des langues dominantes, à  ma connaissance . Exemple: y a-t-il une seule langue où le masculin (substantifs ou adjectifs) se construit à  partir du féminin?

  3. Etienne
    9 décembre 2005

    Guillaume Barry> Cela peut surprendre mais je voue un attachement passionné à  la langue française. Les textes féministiquement corrects sont d’une rare laideur et ses boursouflures défigurent la langue. Vous parlez de vrai élégance et de vrai justice mais ces « problèmes » de grammaire, selon moi, servent de paravent à  un certain effondrement du féminisme. Il est en train de se figer et de dépérir dans un certain dogmatisme Je ne vois pas en quoi un langage plus « politiquement correct » permet de lutter concrétement. Au contraire, ça aide à  se bercer de mots et s’enfermer dans l’illusion qu’on se bat.

  4. Guillaume Barry
    9 décembre 2005

    Je suis aussi un passionné de la langue, des langues. Mais si je veux avoir du plaisir à  ce titre, je me tournerai d’abord vers des textes littéraires et poétiques, qui, par définition, doivent être libres de toute contrainte autre que formelle.

    C’est incontestable que les textes en langage inclusif peuvent être lourds, voire laids. Mais, je le répète, la vraie lourdeur, la vraie balourdise, la vraie muflerie, c’est d’utiliser (pour un but autre que littéraire) un langage qui fait comme si les femmes n’existaient pas, ou étaient subordonnées aux hommes. La lutte passe par la visibilité. La visibilité sociale, bien sûr, l’accession à  toutes les fonctions etc. Mais aussi la visibilité linguistique. En tant que membre d’une autre minorité généralement invisible, j’en sais quelque chose.

    Pourquoi trouve-t-on que la féminisation de certains mots est plus souvent ridicule que ne l’est la masculinisation?

  5. Etienne
    9 décembre 2005

    Si c’est pour montrer qu’on n’oublie pas les autres, c’est très bien Mais ce qui me gène… Avant de poursuivre, prenons mon exemple: Tu sais que je suis « doublement » minoritaire; je fais partie de ta minorité mais aussi d’une minorité plus « visible ». Et j’ai remarqué un phénomène inquiétant: leurs militants réclament une visibilité de plus en plus grande ( ce qui est justice) mais en parallèle à  cela, ils ont une exigence croissante du bien et de la pureté et accusent avec une vigueur croissante ceux qui ne parlent pas comme eux d’être des traitres. J’en ai fait la douloureuse expérience. Politiser le langage est une arme à  double détente.

  6. 10 décembre 2005

    Pourquoi donc les locuteurs d’un sous-produit abâtardi de la langue française, qui plus est périphérique (Suisse) et ployant sous les coups simultanés du français fédéral triomphant (des phrases pensées et construites en allemand, avec des mots plus ou moins français) et du sabir international de communication minimale qu’est l’anglais d’aéroport; pourquoi donc ces personnes par ailleurs fort admirables à  maints égards se croient-elles autorisées à  donner un avis prétendument éclairé sur une question qui les dépasse et dont ils ne saisissent même pas la portée ? Suffit-il d’aimer la musique pour être virtuose ? Suffit-il de préparer la tambouille quotidienne pour être grande toque ? Suffit-il d’avoir lu la Bible pour être théologien ?

    Droits de l’homme, le chef et le ministre. Et même (ou surtout) « Céline est un bon étudiant », « Mme Baguette est un piteux boulanger » et « Mme Angela Merkel est le nouveau chancelier d’Allemagne ». Dans tous ces exemples, le sexe des personnes concernées importe aussi peu que leur couleur de peau ou leur origine (du moins, on l’espère). « Comme l’Académie française le soulignait déjà  en 1984, l’instauration progressive d’une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans la vie politique et économique rend indispensable la préservation de dénominations collectives et neutres, donc le maintien du genre non marqué chaque fois que l’usage le permet. Le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées établit au contraire, à  l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à  l’encontre du but recherché. » (voir ici, là  et là -bas)

    Les suffragettes aboient, le bon usage reste. Et ce n’est ni sur un carnet virtuel ni auprès de journalistes peinant à  torcher leurs articles quotidiens qu’on viendra le chercher. Ni même auprès de « linguistes », car seule la description et non la prescription ressortit à  leur domaine de compétences.

    P.-S. : Pour prévenir tout malentendu, je suis suisse, germanophile, anglophile et féministe.

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