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En Suisse aussi, la médicalisation outrancière des troubles de l’identité de genre chez les jeunes menace

Pourquoi je soutiens l’appel lancé par l’AMQG et, plus largement, l’action des féministes et activistes LGBT qui s’inquiètent de l’oblitération du sexe biologique au profit de la notion de genre

Avec la création de l’Association pour une approche mesurée des questionnements de genre chez les jeunes (AMQG.ch), la Suisse dispose enfin d’un pôle de résistance à la transition hormonale et chirurgicale prématurée de filles et de garçons mineurs en vue de les doter des caractéristiques extérieures du sexe opposé. Elle lance un appel à l’opinion et aux autorités que j’ai signé (voir aussi Le Temps de ce jour). Elle fait également partie d’une alliance européenne de 23 organisations qui a interpellé l’Association européenne des professionnels pour la santé transgenre (EPATH) afin de lui demander de promouvoir des soins de santé sûrs, compatissants, éthiques et fondés sur des preuves pour les enfants, les adolescents et les jeunes adultes atteints de dysphorie de genre, et de concilier les droits des personnes transgenres avec la protection des enfants et des jeunes.

La libération sexuelle, l’égalité entre femmes et hommes, la normalisation de l’homosexualité, la redéfinition de la famille… ont été des causes excellentes et justes pour lesquelles il a fallu se battre contre une société et des institutions hostiles et répressives. La reconnaissance de l’identité transgenre pour des adultes, désormais revendiquée dans la vie quotidienne et jusque parmi des politiciennes et politiciens élus, s’inscrit également dans ce courant.

Cela ne veut pas dire que toute revendication doit être soutenue sans limite: le débordement de la libération sexuelle vers la pédophilie a été une tendance réelle1, mais a été stoppée, ses adeptes font désormais profil bas. Il doit en aller de même avec la problématique trans: autant il est juste d’apporter tout l’appui nécessaire aux adultes souffrant de dysphorie de genre qui veulent adapter leur corps et mener leur vie conformément à l’identité qu’elles et ils ressentent, autant il est impératif d’éviter toute précipitation et médicalisation prématurée, expérimentale et irréversible chez les enfants, les jeunes voire les jeunes adultes2 en leur assurant, en revanche, tout l’appui psychologique dont elles et ils ont besoin pendant les années exploratoires de croissance et de maturation.

Le courant de pensée dominant aujourd’hui parmi les professionnels des milieux médicaux, sociaux et éducatifs est celui de l’approche affirmative: qui déclare ne pas se reconnaître dans son sexe biologique doit, pour son bien-être, être encouragé, conforté dans cette voie sans se poser de question. Or, sans même parler de la simple exploration, de la provocation, de l’effet d’entraînement sous l’influence de pairs ou de choses vues sur l’internet, la dysphorie de genre n’est guère différente d’autres troubles tels que l’anorexie (faut-il vraiment la conforter?!) ou la xenomelia ou dysphorie de l’intégrité corporelle qui consiste à rechercher l’amputation d’un membre que l’on ressent comme un corps étranger (oui, ça existe: voir ce passionnant ebook).

L’appel de l’AMQG doit en particulier amener les autorités fédérales et cantonales à ne pas négliger leur rôle d’arbitre et de protection de la liberté individuelle sous l’influence du lobby transaffirmatif. Les parents3 ou les thérapeutes ne sauraient être laissés à eux-mêmes. Personnellement je défendrais volontiers l’idée qu’en cas de dysphorie de genre confirmée, une personne de confiance devrait être désignée par l’autorité judiciaire pour assister et représenter la ou le mineur (bien sûr, comme pour la ou le thérapeute, on peut mal tomber, mais cela offre tout de même une garantie supplémentaire). Aujourd’hui le risque est que dans 20 ans le Conseil fédéral se tordra les mains en excuses et constituera un fonds d’indemnisation pour avoir poussé des jeunes à voir leur vie bouleversée par de soins inadéquats, après tant d’autres scandales bien-pensants de stérilisation, retrait d’enfant, sédentarisation, internement, de filles-mères en enfants de la grand-route.

Au demeurant, il n’y a pas que des parents concernés et des thérapeutes inquiets qui réagissent. Des féministes (JK Rowling, pour ne mentionner qu’elle), des activistes lesbiennes et gays s’organisent aussi face au danger que représente une idéologie trans issue d’un détournement des études genre et qui prétend remplacer, nier le sexe biologique. A la faveur d’une bienveillance louable mais trop peu curieuse de la réalité, elle a également emporté une large part du mouvement LGBT en s’étendant également aux services de ressources humaines des grandes entreprises et administrations. En Grande-Bretagne, je soutiens depuis sa création la LGB Alliance qui s’est vue contrainte à la dissidence face au dévoiement de l’organisation faîtière historique, Stonewall. Ce mouvement est aujourd’hui répliqué autour du monde du Brésil à l’Inde, de la Norvège à la Serbie, des Etats-Unis à l’Australie. A quand la Suisse?

  1. On en a encore des échos de Matzneff à Cohn-Bendit (qui a au moins fait son autocritique). []
  2. Une notion juridique comme la majorité civile (18 ans en Suisse) qui tend à définir le statut d’adulte n’est pas identique à la capacité de discernement ou à d’autres paliers: la majorité sexuelle en Suisse est fixée à 16 ans (avec une échelle mobile de 3 ans). Et il est aujourd’hui établi que le cerveau poursuit le développement mental jusque vers 25 ans… []
  3. Qui peuvent aussi aggraver passablement les choses, entre incompréhension répressive ou au contraire encouragement à la transition dont il ne faut pas sousestimer l’éventuelle homophobie inconsciente. []

Un commentaire

  1. Camille
    24 août 2021

    Merci infiniment pour votre article!
    Je suis une maman française, ma fille de 16 ans vient de m’annoncer vouloir transitionner, hormones et chirurgies, sans aucun signe annonciateur.
    Elle est probablement lesbienne et/ou autiste asperger.
    J’ai écrit un texte à ce sujet, je serais contente que vous me donniez votre avis dessus.
    https://lesruminants.com/index.php/2021/07/23/protegeons-nos-filles/

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