Juges et politique
En marge de l’exécution de Paul Hill (assassin d’un médecin pratiquant des avortements et de son garde du corps), Oliver Kamm formule une intéressante réflexion sur la manière dont l’intervention de la Cour suprême des Etats-Unis aurait nui au développement normal du débat, et serait responsable de la tension actuelle entre les camps des pro-vie (quoique…) et des pro-choix.
Sa thèse est que l’arrêt de 1973 par lequel la Cour suprême a estimé que le droit individuel à l’avortement était protégé par la Constitution fédérale a empêché un débat politique Etat par Etat, avec des législations différentes, tel qu’on la connu en Europe (où, au final, les législations sont proches les unes des autres). L’absolu judiciaire a empêché tout mûrissement politique de la question.
Food for thought. La tension entre les niveaux du fédéralisme, d’une part (quand faut-il qu’une question soit réglée à l’échelon fédéral plutôt qu’à celui des unités constitutives? la réponse « lorsque j’ai la majorité » n’est pas admise…) et entre pouvoir judiciaire et autorités politiques, d’autre part, sont une des grandes joies de la vie intellectuelle américaine, allemande ou suisse… et va prendre une importance grandissante en Europe.