Exhibitionnisme compassionnel
Enfin quelqu’un qui s’est donné la peine de théoriser ces nouvelles formes d’émotions collectives dont l’apparition remonte sans doute au décès de la princesse Diana, mais dont les manifestations se multiplient, auto-alimentées par les médias. C’est dans un Guardian ramassé à l’aéroport que je découvre l’étude de Patrick West publiée par l’Institut pour l’étude de la société civile Civitas.
Le phénomène s’amplifie: en Angleterre, les traditionnelles 2 minutes de silence pour les manifestations de souvenir sont devenues 3 au lendemain du 11 septembre 2001, 5 pour une adolescente assassinée, 5 également pour les victimes d’une catastrophe ferroviaire, et 10 pour la victime d’un crime raciste.
L’auteur dénonce le profond narcissisme de cette ostentation du coeur et de la sensibilité, qui vise à se faire du bien plutôt qu’à faire du bien.
Et il élargit le propos au domaine politique en soulignant combien le slogan Not in My Name (pas en mon nom) contre l’intervention en Irak manifeste surtout une forme d’individualisme consumériste. Que l’on pense aussi à ces réconfortants déploiements de drapeaux Pace, ou à la complaisante identification avec le sort des Palestiniens, qui ne font strictement rien pour faire avancer la cause à laquelle on prétend tenir.