Vertu luciférienne
Décaillet m’inspire
… « l’absolue nécessité de ne rien devoir à personne », telle est l’une des conditions que pose Pascal Décaillet lorsqu’il s’agit d’accorder sa confiance à un politicien – en l’occurrence un candidat aux prochaines élections cantonales genevoises.
En poussant un peu, je serais presque tenté d’attribuer à cette prétention des accents lucifériens. En effet, selon la Tradition qui nous est commune, l’archange porteur de lumière, rayonnant de beauté et d’intelligence, a chu parce qu’il ne supportait pas l’idée d’être redevable de son existence envers un Autre que lui-même. Ce qui l’a induit à se tromper lui-même sur son point de départ. Tel est le mensonge originel.
Quel humain peut donc se prévaloir d’un tel privilège ? Un self made man ? Ou, à l’opposé, un aristocrate qui n’a pas dû se battre pour occuper sa position sociale et/ou financière ?
(Commentaire initialement posté sur le blog Liberté de Pascal Décaillet)
Roland-Daniel Schneebeli donne raison à Pascal Décaillet
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Cher Monsieur,
J’ai lu avec intérêt l’intervention de Jean-Paul Guisan qui trouve un reflet quelque peu « luciférien » à votre recherche de candidats dont l’une des qualités intrinsèques, fondamentales, devrait être l’absolue nécessité de ne rien devoir à personne.
Cela m’inspire la réflexion suivante : Ne strictement rien devoir à personne rend-t-il plus fort, voire plus intègre ?
Apporter un soutien à un homme ou à une femme dans le but de lui confier un pouvoir de représentation devrait se faire en confiance. Si cette dernière est déçue, la réévaluation de la relation née de cette délégation peut être alors remise en cause, par le biais, notamment, d’un vote de sanction lors d’une élection. Que cette personne soit ou non redevable à quelqu’un de quelque chose n’y change en définitive rien.
Dès lors, commander qu’un politicien ne doive absolument rien à personne ne devrait pas être une condition sine qua non pour que celui-ci se porte candidat, mais la reconnaissance d’une liberté qui lui serait offerte dans la cadre de son action future, quand bien même il se présenterait sur la base d’un programme ou d’un soutien d’un groupe particulier.
Il ne s’agit pas là d’un blanc-seing, mais bien de la responsabilisation de cet homme (ou de cette femme) qui, ayant été porté au pouvoir par une foule, notamment pour ses convictions et les valeurs qu’il défend, à l’obligation morale d’agir en conscience, avec courage, et de rester conséquent avec lui-même au moment où, élu, il entre au service de tous.
« Je suis le maître de mon destin et le capitaine de mon âme » dit le poème. Vaste programme pour celui qui ne doit absolument rien à personne excepté, -c’est là l’essentiel sur lequel tout repose -, son âme à Dieu.
Cordialement.
Roland-Daniel Schneebeli