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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

L’athéisme pastoral est-il une symphonie héroïque?

Ma réponse à  Philippe Barraud qui n’a pas l’intention de tendre l’autre joue quand il pense avoir reçu une gifle un Vendre Saint (un provocateur qui en l’occurrence ne goûte pas la provocation – spirituelle – d’un autre).

Socrate a été condamné à  mort parce qu’on l’accusait de corrompre la jeunesse et de la rendre athée. Pour lui, en effet, on pouvait poser des questions sur tout. En revanche, il était habité par une espérance tranquille quant à  l’après-mort, le souci d’accomplir des rites prescrits par la tradition, et il se montra tout sauf révolté au moment de mourir.

Des mystiques soufis ont été condamnés à  mort pour avoir dit qu’ils ne faisaient qu’un avec Dieu – ce qui a été interprété comme une forme d’athéisme. Mais leur foi à  eux n’était pas tranquille, ils la vivaient sur le mode des tourments amoureux

Jésus a été condamné à  mort parce qu’il laissait dire qu’il était le fils de Dieu, que Dieu n’habitait pas dans un temple mais dans le coeur des hommes. Pour les autorités religieuses de l’époque, c’était aussi une forme d’athéisme de témoigner d’un Dieu autre que le Très Haut Tout Puissant qu’on prétend servir alors qu’on s’en sert pour dominer les plus petits que soi.

Sauf que pour Jésus, il ne fallait surtout pas les faire trébucher, les scandaliser, leur barrer l’accès à  Dieu. La foi est relation à  un Dieu libérateur et non aliénant. Pour Jésus, on reconnaît l’arbre à  ses fruits. Et c’est là  qu’on peut s’interroger sur les conséquences de la prédication du pasteur néerlandais.

Pour autant, Jésus n’est pas du côté des juges, de ceux qui disent Seigneur Seigneur. Les perdants, au jour du Jugement dernier (cf. Matthieu 24), ce ne sont pas les athées, ni d’ailleurs ceux qui ont fait le mal, mais ceux qui se sont abstenus de faire le bien – peu importe les incantations Seigneur Seigneur qu’ils auront proférées. Les gagnants sont ceux qui auront imité Dieu, même à  leur insu, en faisant preuve de compassion et en pratiquant une charité désintéressée (pléonasme).

Le pasteur néerlandais a raison de dire que Dieu se produit dans les relations humaines – ce disant, il est en phase avec la théologie la plus classique. Par contre, sa provocation manque un peu d’humilité, et d’ouverture à  un Dieu tout autre, qui nous précède et de ce fait nous libère du fardeau de nous être faits nous-mêmes. Je serai curieux de le lire pour voir si dans son offre spirituelle qui accueille les demandes individuelles et propose des rites à  la carte (comme l’évoquait Gabriel de Montmollin) il ne tombe pas dans le nombrilisme contemporain qui instrumentalise la spiritualité en vue du développement personnel, au lieu d’opérer un décentrement salutaire.

Joyeuses Pâques à  tous. Le Christ est ressuscité: la mort, les discours et les pratiques mortifères n’ont pas eu le dernier mot.