Transmutation des malheurs du monde en bonheur cinéphilique
L’année a bien fini et commencé, cinématographiquement parlant: La Visite de la fanfare; Gone Baby Gone et It’s a Free World. Trois chefs-d’oeuvre, chacun dans son genre. Le dernier film, dû à Ken Loach, a aussi été merveille à mes yeux (qui ne sont pourtant pas ceux d’un inconditionnel de ce réalisateur).
Passons sur les considérations cinéphiliques (photographie à tomber et acteurs qui crèvent l’écran) et venons-en tout de suite à l’idéologique. Il semblerait que le film soit une fois de plus une dénonciation ou, pour le moins, une illustration des méfaits de l’ultra libéralisme. Certes. On ne peut le contester sans beaucoup de mauvaise foi. Il n’empêche: en même temps, dans ce film, le moteur premier de toute l’action, c’est l’instinct de survie à¼ber alles, autrement dit un égoïsme aussi prépondérant qu’universel, généralement traduit, dans l’ancienne terminologie théologiques, par péché originel. L’immense mérite de Ken Loach dans ce film-ci, est de ne pas exclure cette lecture anthropologique (si on ne veut pas donner dans le théologique), quel que soit le constat qui est au point de départ.
Ces deux lectures ne s’opposent pas, surtout si on sait que les libéraux (pour faire simple) du XVIIIe siècle ont légitimisé les désirs « égoïstes » de l’individu (cf la métaphore des abeilles). Bien entendu si on suit le désir jusqu’au bout on vient à l’exploitation d’autrui; ceci ennuyait fort Adam Smith, qui pour contrebalancer cela, postulait la « sympathie » (cf sa théorie des sentiments moraux).