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Sermon de Pâques

Comme promis, voici des extraits de la prédication que j’ai prononcée tout à  l’heure. Le texte support est l’épître aux Colossiens, chapître 1, versets 12-23.

Dans les Evangiles, en fait dans l’ensemble du Nouveau Testament, on a différents points de vue sur la résurrection. Pour Marc, la résurrection, c’est un tombeau vide, et elle est considérée comme un événement effrayant. Les femmes qui ont trouvé le tombeau vide ont peur, mais on n’en dit pas plus. On ne sait pas si c’est la peur d’être confrontées à  une intervention de Dieu, ou la peur devant la face inconnue de ce Jésus qu’elles ont côtoyé. Dans d’autres évangiles, c’est le contraire : l’accent est mis sur la joie de la retrouvaille et sur la relation inchangée entre Jésus et ses disciples. Dans ce texte de l’épître aux Colossiens qui contient un des plus anciens hymnes au Christ qu’on connaisse, on sent qu’il y a eu toute une réflexion sur la personne du Christ et la signification de sa résurrection. On ne parle pas du fils de Dieu en lui-même, on ne spécule pas à  son sujet (on le fera par la suite) mais on médite sur ce qu’il signifie pour l’ensemble de l’univers créé.

Quel que soit l’écrit du Nouveau Testament, quelle que soit l’époque, quelle que soit la tendance théologique, une chose est sûre : l’événement de Pâques, ce n’est pas la réanimation d’un corps, ce n’est pas non plus le prolongement d’une oeuvre, ce n’est pas la survie d’un mouvement. Avec Jésus, Dieu ne s’est pas imposé par la force, et il ne le fait pas davantage avec la résurrection de Jésus. Certes, la résurrection s’est imposée aux croyants comme une évidence, mais de la même manière que l’amour de Dieu, son pardon se sont imposés comme une évidence.

Et en même temps, la Résurrection est bel et bien un acte de puissance. Est-ce la victoire du Bien sur le Mal ? Oui et non. C’est vrai qu’on a souvent développé cette représentation d’un combat entre le bien et le mal avec Dieu d’un côté et tout ce qu’on voudra de l’autre. Ces représentations me semblent plutôt correspondre à  des manières très humaines de se rassurer. Alors, la Résurrection, est-ce un acte de puissance ? Eh bien oui, mais dans un autre registre. Pour l’auteur de l’épître aux Colossiens, le but du Dieu créateur n’est pas la victoire sur le mal, mais la réconciliation de tout ce qui se trouve sur la terre et dans les cieux.

Il n’est pas question de nier qu’il y a une réalité négative — sinon on n’aurait pas besoin de réconciliation. Mais on est dans autre chose que la réponse humaine au sentiment d’impuissance et d’injustice, au ressentiment traqué par Nietzsche.

On trouve aussi, dans cet hymne de Colossiens, une interprétation de la mort et de la résurrection du Christ qui nous est vraiment étrangère, pour ne pas dire exotique. Il y a en effet le rôle très curieux joué par les puissances appelées Trônes, Souverainetés, Autorités et Pouvoirs. Ces puissances régissent le monde — par exemple, il y a les puissances astrales — mais ces puissances ont ceci de particulier que les humains leur sont soumis tant qu’ils sont sous la loi du péché. Ces puissances sont un peu comme des gardiens de prison. Ces puissances ne connaissent que la loi. On pourrait peut-être faire une analogie avec l’argent et le monde de l’économie. Ce système obéit à  des règles, qui sont nécessaires — mais il ne fait pas de cadeau.

Et l’une des puissances qui régit le monde des pécheurs, c’est la Mort. La mort n’est pas un phénomène biologique, la mort est aussi une puissance. Donc le fait que le fils Dieu se livre à  la mort, la mort qui est pour les pécheurs, a dérangé tout le système cosmique. Un peu plus loin dans l’épître aux Colossiens, un deuxième hymne au Christ nous dit que Par sa mort et la résurrection, le Fils de Dieu a dépouillé les Autorités et les Pouvoirs.

La résurrection du Christ est donc un acte de puissance, mais pas là  où on s’y attendrait. Ce n’est pas le destin solitaire d’un fils de dieu immortel qui se serait égaré dans le monde et dans la mort et qui serait rendu à  sa condition première. La résurrection c’est un événement qui concerne tout l’univers créé. Le Fils n’existe pas pour lui-même — il est le premier-né des créatures. Son destin est solidaire du destin de toute la création. La résurrection, ce n’est rien moins que la réconciliation de tout l’univers avec notre libération au passage. Certes, le processus est commencé avec le Fils, premier-né de toute créature, mais il n’est pas encore achevé…

Un commentaire

  1. 21 avril 2006

    Un commentaire dérisoire puisque je n’aborde pas le fond. Mais je ne voudrais tout simplement pas l’avoir lu sans vous remercier de nous faire partager ce sermon. J’y reviendrai, à  tête plus reposée.

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