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Islam des Lumières et apologie classique du christianisme et de l’athéisme

« Pourquoi les mouvements laïcs restent-ils minoritaires dans le monde musulman? »

« Parce que les dictatures ont tué le politique. L’espace politique est aujourd’hui dévasté, et seul le message intégriste y fleurit. Cette responsabilité incombe aux Etats arabes post-coloniaux. Leur incurie a fait échouer les processus de modernisation et de démocratisation. Des gens peu instruits sont arrivés au pouvoir et, avec les concessions qu’ils ont faites aux intégristes, ils ont participé à  la diffusion de leur pensée, désormais dominante dans ces sociétés. Les gens en ont peur, comme ils ont peur de trahir leur origine en revendiquant davantage de laïcité. N’oublions pas que la non-séparation entre le religieux et le politique fait partie de la fantasmagorie qui s’est développée autour des origines de l’islam, très en vogue chez les intégristes. »

Il arrive parfois qu’on donne la parole à  des penseurs musulmans de la modernité. C’est le cas de cet interview de Abdelwahab Meddeb par Patricia Briel dans Le Temps de ce week-end. Pour cet essayiste, qui « lutte en faveur d’un Islam des Lumières », l’Islam est à  la base une religion laïque, qui connaît la séparation du spirituel et du temporel. La preuve: l’empereur Frédéric II lors de la dernière croisade, a été fasciné par l’impuissance du calife par rapport au pouvoir temporel. C’est que, pour Meddeb,

« … la consubstantialité du politique et du religieux n’appartient pas à  l’essence de l’islam. On peut la construire artificiellement, et c’est ce que fait l’intégrisme diffus répandu dans le monde arabo-musulman. »

Dane le même numéro du Temps, la même Patricia Briel évoque le dialogue entre l’ex-cardinal Ratzinger et le philosophe athée Paolo Flores d’Arcais, qui constitue le petit livre Est-ce que Dieu existe? Dialogue sur la vérité, la foi et l’athéisme (Payot, 184 p.). Patricia Briel retient du philosophe des arguments comme le scandale du mal et la fonctionalité de Dieu pour maintenir la cohésion sociale, tandis que du côté du théologien devenu pape, on retient la non moins classique critique de la cruauté éthique que représente la théorie de l’évolution. Je n’ai pas lu le livre, mais si le christianisme et l’athéisme ne doivent être défendus que par des arguments aussi classiques et convenus (et lourds), hérités des Lumières de part et d’autre, faudrait-il envisager que l’avenir théologico-phlosophique est aux lumières de penseurs musulmans se revendiquant également de la modernité, mais un peu plus pertinents en même temps que plus courageux?

Un commentaire

  1. Etienne
    20 février 2006
    Je ne suis pas tellement convaincu par l'histoire de religion "laïque". Déjà , l'histoire de l'Islam semble montrer que les deux pouvoirs (spirituel et laïque) n'ont existé que l'une subordonnée à  l'autre; de plus, à  la différence du christianisme, Le Coran (et donc la sharia) fixe a priori l'organisation de la société (place des non-musulmans par rapport aux autres, attributions du pouvoir). Enfin, durant l'âge d'or de l'islam à  Bagdad (sur le plan intellectuel, artistique...), le Calife cumulait les deux pouvoirs. Bref, j'avoue être un peu sceptique.

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