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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Première encyclique

Voilà  que j’ai parcouru la première circulaire (équivalent latin du grec encyclique) de Benoît XVI (version française ici) et, comme disent les Vaudois, je suis déçu en bien. A vrai dire, je ne suis pas si surpris que ça, dans la mesure où j’avais déjà  eu l’occasion de goûter la profondeur et la pertinence théologiques de certains ouvrages de Ratzinger. Il y aurait déjà  beaucoup à  dire sur le peu que j’ai lu dans ce document inaugural. Je retiens que l’essentiel de ce que croit un protestant s’y trouve.

Une des bonnes surprises est l’affirmation de la séparation nécessaire de l’Eglise et de l’Etat (si c’est une découverte ou redécouverte récente pour les Catholiques, n’oublions pas que Luther et Calvin ont contribué à  en donner les conditions de possibilité sans la connaître vraiment).

Notre théologien de pape dénonce de façon intéressante les deux types d’excès consistant à  réduire l’humain à  un corps ou à  une âme. En poursuivant sa réflexion, assez incongrue par rapport au paradigme régnant, on pourrait dire que le culte du corps (dans les temples du fitness) est en même temps une haine du corps (donc de soi) et de la matière (donc du monde) dès lors que la chair n’est plus canon.

Mais cette considération est précédée d’une réflexion plus vaste sur la distinction entre l’amour eros et l’amour agapè, c’est-à -dire entre l’amour ascendant, sensuel, possessif, qui reçoit et l’amour descendant, oblatif, qui se donne. Là  aussi, Benoît XVI, prône une synthèse des deux: l’être humain ne peut pas toujours donner, il doit aussi recevoir. Malheureusement, plus j’avance dans le document, plus j’ai l’impression qu’un certain « naturel » catholique qu’on a voulu chasser, en tout cas épingler, revient gentiment, peut-être pas au galop. Je veux dire la fascination pour le sacrificiel aux connotations émasculantes.

A ce propos, l’auteur évoque la complémentarité des sexes en évoquant le mythe de Platon selon lequel les humains étaient à  l’origine sphériques, c’est-à -dire complets et autosuffisants, que les dieux ont puni en les coupant en deux, de sorte que chacun désormais cherche sa moitié. Mais Benoît XVI se garde bien de détailler le mythe pour lequel il y avait des êtres mâles-femelles, mâles-mâles et femelles-femelles. Et, concernant la doctrine du mariage qui est abordée en passant, soit le mariage considéré comme seule icône possible de la relation entre Dieu et son peuple, osons lancer cette tarte à  la crème (en l’occurrence la pâtisserie sera une religieuse): des hommes ayant fait voeu de célibat sont-ils les mieux placés pour en parler?

Ce pape théologien ne sera donc pas celui que j’aimerai détester – au contraire, ses positions sur la thématique gaie (pour prendre un exemple tout à  fait au hasard) me feront plus de mal que si elles venaient d’un esprit théologiquement faible et à  côté de la plaque.

3 commentaires

  1. 29 janvier 2006

    Pour cause de « ils me font vraiment tous chier », je reporte mon propre billet sur l’encyclique, pourtant en cours de rédaction. Je suis déjà  heureux de voir que quelqu’un d’autres sur notre planète blog a eu la curiosité de lire ce document.

    Je ne sais pas si je le qualifierais de « révolutionnaire ». A vrai dire, je pense manquer d’élements pour porter une appréciation quelconque. En tout cas, il me paraît réaffirmer ce que j’avais déjà  lu ou entendu : la participation pleine et entière de l’union charnelle à  la relation de couple à  l’amour véritable et, d’autre part, la « saparation de l’Eglise et de l »Etat »…

    En tant que catholique hétéro marié, je n’ai pas été choqué par ce que vous relevez. Je relirai, pour voir.

    En ce qui concerne votre tarte à  la crème, je vous le confirme, c’en est une : j’ai entendu des hommes d’Eglise dire des choses très vraies sur le mariage, pleines de sens. Il me semble que, s’ils ne « pratiquent » pas, leur rôle d’écoute leur permet de développer un message plutôt sensé.

    Du fait de certains présences, je considère le moment mal venu pour aborder un texte de cette importance sur mon blog. Je le regrette mais je crains que les commentaires ne soient instantanément parasités. Enfin, j’y viendrai…

  2. 29 janvier 2006

    ps : je me relis et … quand je parle de « révolutionnaire », c’est au regard de certaines autres appréciations.

  3. happyh
    2 février 2006

    Cher Guillaume,

    La séparation nécessaire de l’Eglise et de l’Etat a donc été rendue possible par Luther et Calvin ? Mais les Eglises nationales et d’état existent seulement depuis que les princes du monde ont bien profité de la séquestration des biens de l’Eglise unique … La dualité Pape Empereur ou Empereur Pape existait bien avant les Protestantes. La séparation entre monde d’ici et le royaume, qui n’est pas de ce monde, n’est pas une invention des réformateurs.

    Toujours le même préjugé ! Le « naturel » catholique est caricaturé comme d’être fasciné par le sacrificiel aux connotations émasculantes… Et j’imagine bien que Benoît XVI connaît très bien les détailles du mythe pour lequel il y avait aussi des êtres mâles-mâles et femelles-femelles. S’il avait néanmoins choisi à  faire référence à  ce mythe, il avait sûrement ses raisons.

    Des hommes ayant fait voeu de célibat sont-ils les mieux placés pour parler du mariage? … Il n’est pas nécessaire être bon chanteur pour donner des conseils de perfectionnement à  des divas d’opéra …

    Pourquoi est-ce qu’il te faut un pape que tu aimerais détester ? Ne pourrais-tu te réjouir sincèrement d’un pape qui ne parle pas à  côté de la plaque ?

    Cheers !

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