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Fukuyama et la réforme de l’Islam

Mon co-blogueur me prie de signaler cet article de Francis Fukuyama (antérieur aux événements français mais intéressant à  lire dans ce contexte) et de réagir à  sa remarque sur Bin Laden qui représente une sorte de Réforme de l’Islam, au sens de la Réforme historique protestante – ce qui irait contre l’idée courante que c’est ce dont l’Islam a besoin aujourd’hui.

Je réagis en me disant d’accord, sous réserve d’un contresens fait à  propos de Pym Fortuyn et des nuances suivantes:

La réforme dont parle Fukuyama pourrait, davantage qu’à  la Réforme protestante proprement dite, être comparée aux différents mouvements de réveil piétiste, méthodiste, évangéliques qui ont suivi et mettent l’accent sur la relation individuelle à  Dieu active (entretenue, bichonnée) et non pas formelle (sociologique) en passant par une lecture fondamentaliste, les rites passant au second plan.

Il me semble que l’idée courante est que l’Islam a besoin d’une réforme libérale: les textes coraniques ne seraient plus intouchables et pourraient être soumis à  une exégèse de type historico-critique = chercher à  reconstituer le contexte historique de chaque élément du texte, comme la théologie chrétienne (d’abord du côté protestant) le fait depuis plus d’un siècle, ce qui implique de rompre avec le dogme d’une inspiration littérale, d’une dictée divine. Cela prépare, mais cela ne se substitue pas au travail herméneutique que doivent faire tant les théologiens que les croyants: comprendre le sens, les enjeux que le texte a eu pour son auteur et pour ses destinataires originels ne dispense pas de se demander quel sens il peut avoir pour nous, et, pour le croyant, ne diminue pas son potentiel d’inspiration.

Une alternative, c’est de ne pas toucher au texte sacré, mais de le réinterpréter uniformément pour lui faire dire la même chose: Dieu nous aime, et la seule manière de l’honorer, c’est de nous nous aimer, de nous respecter, de nous tolérer les uns les autres. Toutes les valeurs démocratiques, droits de l’hommistes, féministes peuvent découler de cette autre forme de libéralisme.

Dans une certaine mesure, c’est déjà  comme ça que les musulmans modernes, dits « modérés » d’une manière qui les place malencontreusement sur la défensive, s’en sortent actuellement.

Cette approche est moralement louable, mais intellectuellement problématique, puisque le sens d’un texte est alors prédéfini et lui est imposé de l’extérieur. Le texte devient prétexte.