"On ne peut pas réfléchir dans des conditions soumises à des votes"
Une pensée profonde très juste de Michel Rocard, qu’un vieux renard comme lui feint seulement de découvrir: c’est en dehors des partis que l’on peut penser, débattre, innover, puis le rôle des partis est de faire leur choix, mettre en musique (en programme) et sélectionner le personnel politique.
C’est sur le Nouvel Obs, sponsor de l’université d’été des Gracques et qui paraît le site à suivre pour le débat sur la reconstruction de la gauche française, avec notamment ces interventions de Jacques Julliard ou de Jean Daniel, parmi plein d’autres choses.
Reformulé et complété le 27.08 à 1h48
Vous êtes dur avec Rocard : considérez quand même que son retour sur la scène politique française est très récent et cache son travail dans de toutes autres conditions au Parlement Européen.
D’ailleurs, le vote historique (plus grosse opposition jamais réalisée du Parlement Européen contre la Commission Européenne) contre la directive C2I lui doit beaucoup.
Mais je ne persifle pas, si c’est ce que vous croyez! Je trouve sérieusement qu’il a exprimé là quelque chose de juste que l’on ose trop peu dire parce qu’il faut constamment flatter les militants: les partis n’ont de loin pas le monopole de la politique, les autres groupes d’intérêts, think tanks, l’Université, les médias y apportent une contribution décisive car c’est là , ou aussi dans l’administration, et non à l’intérieur d’un parti, que se font les évolutions et les innovations (pensez au droit au logement opposable, au RMI ou au revenu de solidarité active, ou certainement à la CSG rocardienne). Au départ, à peu près toute idée, mesure naît hors des partis et a le potentiel d’être de gauche ou de droite; elle le devient parfois de manière différente d’un pays à l’autre, selon le parti qui, c’est son rôle, l’adopte en l’insérant dans une logique et en la faisant porter par ses élus pour la négocier dans le champ démocratique: politique familiale nataliste ou éducative à visée nationaliste, ou à vision d’égalité des chances entre femmes et hommes et entre enfants de milieux différents, politique sécuritaire à visée d’ordre et d’exclusion ou visant à protéger les plus faibles dans la société qui sont les premières victimes de la violence, etc.
Bon, j’ai essayé de corriger la formulation pour lever tout ambiguïté!
Ha oui, effectivement, je comprends mieux.
Rocard aura effectivement fait partie des victimes du chantier d’assainnissement de la vie publique française consécutifs aux « affaires » (auxquelles Emmanuelli et les gauchistes durs du PS doivent leur survie politique, pour avoir accepté en lieu et place de l’ensemble du PS l’ensemble de la responsabilité des affaires concernant le PS français). En effet, en institutionnalisant le financement de la vie politique et en réservant la destination des fonds exclusivement aux partis politiques, la loi en rendant toute la vie politique dépendante des partis parvenant à rassembler des voix aux élections clés.
Or, on ne reprochera pas aux dirigeants de ces partis de profiter du contrôle total dont ils disposent sur le financement de la vie politique pour en profiter pour exercer tout le pouvoir, résumant le vie politique française à la question de la conquête des postes dirigeants des grands partis.
à ce jeu, Sarkozy se sera révélé et de loin le meilleur joueur, en devenant populaire par des discours populistes, puis en organisant la conquête du pouvoir depuis la position de dirigeant de l’IMP