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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Microcosme

Achevé — je le lisais à  petite dose, et il y a aussi des photos et autres documents qui sont propices à  la rêverie — un livre dont j’ai le privilège de connaître la plupart des protagonistes, à  commencer par le sujet, l’auteure et la préfacière: Le bâton dans la fourmilière – Jacqueline Berenstein-Wavre: une vie pour plus d’égalité (entretiens avec la journaliste Fabienne Bouvier, préface de Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Confédération).

En Suisse, JBW est un personnage qu’on n’a pas besoin de présenter, pionnière du féminisme sur le plan du travail comme sur le plan politique, au sein du parti socialiste genevois (dont son mari Alexandre, que j’ai eu plus tard comme prof pour une direction de recherche post-licence en droit et qui devint juge fédéral, a été l’un des refondateurs au moment où la majorité qui approuvait le pacte germano-soviétique avec Léon Nicole a été exclue du parti suisse). Le récit de sa vie et de ses combats, qui continuent d’ailleurs, est si riche qu’il doit manquer dans le livre bien d’autres épisodes comme celui que je peux révéler ici: en 1970, Jacqueline avait mis sur pied une formation à  l’intention des nouveaux adhérents du PS (une initiative qui hélas n’a guère eu de suite lorsqu’elle a été appelée à  d’autres aventures). Nous étions dans la période qui précédait le Congrès d’Epinay en France, de sorte qu’elle nous avait fait lire et discuter les livres d’Alain Savary, qui tentait alors de faire émerger le nouveau PS de la défunte SFIO, de François Mitterrand, de la Convention des institutions républicaines, et de Michel Rocard, du PSU… J’ai mieux compris ce tropisme français, de toute façon naturel à  Genève, en apprenant que Jacqueline avait en fait passé une bonne partie de sa jeunesse en France.

Tout le livre est à  l’avenant de ce va-et-vient entre le local et le global, les gens que les lecteurs du cru connaissent pour les avoir côtoyés dans des événements qu’ils ont vécus, d’une part, et d’autre part les idées et personnages qui façonnent notre société, jusqu’à  Françoise Giroud et Elisabeth Badinter. Au demeurant, dans son féminisme comme dans son socialisme, JBW incarne un pragmatisme optimiste, un bon sens et un goût d’entreprendre qui restent l’avenir du progrès et de l’émancipation.