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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Eclairage décapant sur l’Amérique latine

Le Monde d’aujourd’hui marque l’entrée en fonction du socialiste Tabaré Vazquez à  la présidence de l’Uruguay par la publication d’une tribune qu’on ne risquait pas de lire dans Le Monde diplomatique: « La gauche ‘religieuse’ latino, peste de la gauche », par Joaquin Villalobos, présenté comme « chercheur à  Oxford et ancien commandant de la guérilla salvadorienne ». Quelques extraits pour vous mettre l’eau à  la bouche:

(…) L’Amérique latine connaît en ce moment un débat crucial qui oppose la gauche « religieuse conservatrice » à  la gauche « réaliste et pragmatique ». Cette discussion n’est pas neuve ; ce qui est nouveau, c’est son contexte. Nous ne débattons plus dans un continent dominé par des régimes autoritaires, mais dans un contexte de démocraties émergentes. Jamais, dans l’histoire de l’Amérique latine, il n’y a eu autant de partis de gauche avec autant de pouvoir dans autant d’endroits. (…)

Le Vénézuélien Hugo Chavez et le Cubain Fidel Castro sont les représentants de la gauche la plus « religieuse » de l’Amérique latine. Ils constituent la tête de la gauche religieuse, suivis de près par le PRD de Cuauhtemoc Cardenas au Mexique, le FMLN de Schafick Handal au Salvador, le FSLN de Daniel Ortega au Nicaragua et le MAS d’Evo Morales en Bolivie.

Dans la gauche réaliste, les plus importants sont les socialistes chiliens de Ricardo Lagos, les partisans de Nestor Kirchner en Argentine, le Frente Amplio (Front élargi) de Tabaré Vasquez en Uruguay, le PRD de la République dominicaine, le Pôle démocratique de Colombie, le PRD de Martin Torrijos au Panama et le PT de Lula au Brésil. A l’exception des socialistes chiliens, tous sont traversés par des batailles internes entre les deux courants. Et même à  Cuba, il existe aujourd’hui une gauche réaliste qui se développe. (…)

Comme dans bien des religions, la « gauche conservatrice » pratique une double morale. Ces trois dernières années, le commerce de Cuba avec les Etats-Unis est passé de 4 millions à  plus de 400 millions de dollars. Les Cubains achètent des produits agricoles sans rien pouvoir vendre aux Etats-Unis. Cuba paye comptant, appelle ses partisans à  s’opposer « dignement et courageusement » aux traités de libre-échange avec les Etats-Unis, et accepte de commercer de façon soumise et humiliante. (…)

La « gauche réaliste » lutte pour cesser d’être une éternelle opposition, en trouvant une solution au problème de la pauvreté à  partir du pouvoir. La « gauche religieuse », elle, pleure et prie pour que l’autre n’y parvienne pas.