L’effet femme
« Vous ne devez pas avoir peur d’élire une femme » (sous entendu: mais je conçois qu’on puisse avoir cette appréhension). « La preuve: il y a déjà des femmes présidentes de par le monde, comme Merkel ou, surtout, Bachelet »
Je fus partagé entre scepticisme et admiration pour le cran d’une entrée en matière aussi directe,qui appelle un chat un chat.
En face, on avait dit un peu plus tôt:
« Vous vous êtes énervée or quelqu’un qui est en charge de présidence de la République doit rester maître de ses nerfs. »
ce qui discréditait davantage l’émetteur que le destinataire. Une homme aurait-il dit cela à un autre homme? Peut-être, mais il aurait fallu que l’autre se soit « énervé » à un degré mais bien plus marqué, sans compter que de son côté, Royal a d’ailleurs qualifié son mouvement d’âme comme relevant de la colère, sans relever le côté offensant.
Qu’il s’adresse à un homme ou à une femme, le paternalisme protecteur m’est insupportable. Certaines bonnes impressions s’en sont trouvées bien relativisées.
Propos de Royal et Sarkozy reconstitués de mémoire.
« Une homme aurait-il dit cela à un autre homme? »
On s’en fiche un peu beaucoup.
Elle se sert d’être une femme, et assez lourdement, alors elle doit accepter d’en recevoir le reflet quand on lui met le miroir devant.
Il est probable que cette colère était typiquement féminine et indigne du statut pour lequel elle postule.
Si elle avait été un homme, elle n’aurait pas fait cette colère de cette façon, et si tel avait quand même été le cas, il aurait probablement dit la même chose.
Ce soir, elle a choisi d’être offensive, cinglante, colérique… aurait-elle fait ce choix si elle avait été un homme ?
Elle n’a mentionné que Angela Merkel, semble-t-il.
N’oubliez pas qu’ils sont en campagne.
Après, il y aura le temps du gouvernement.
Précisément, comme le souligne gagarine, elle n’a cité que Merkel, ce qui m’amuse beaucoup : doit-on résumer un personnage politique à son sexe, ou se définit-il davantage par ses idées ? Bref, l’efficacité de Merkel, que loue Royal, est-elle due au fait qu’elle soit femme… ou de droite ? Perso, j’ai entendu l’appel à l’audace de Royal : je vais voter à droite, alors… 😉
Effectivement, à lire la transcription intégrale, il n’a été question que d’Angela Merkel. C’est probablement parce qu’elle a dit « D’autres le font à l’échelle de la planète » que j’ai voulu entendre Bachelet dont le prénom rime avec Merkel.
Au tout début de la campagne, l’hebdomadaire Le Point avait fait un article très méchant (rédigé par une femme et on avait pris soin de mettre sa photo pour bien montrer que ce n’était pas un sale machiste masqué) qui disait ceci : il y a deux manières pour un parti politique, de montrer son sexisme et son refus de voir des femmes accéder aux responsabilités : – La première consiste à ne leur donner aucune possibilité d’expression et à les tenir éloignées des micros et des caméras. – la seconde consiste à choisir la plus nulle d’entre elles pour les représenter tous. Ce qui est énervant avec Royal, c’est que sa « féminitude » perpétuellement mise en avant comme l’argument ultime est censée suppléer à tout le reste : sa compétence, son autorité, sa maîtrise des dossiers, son expérience. Or, on ne peut pas élire un présidente de la République sur le simple critère de la nouveauté de son sexe à ce poste de responsabilité. Sinon la prochaine fois, le PS présentera une perruche ou un dauphin !
je me permet de replacer un post que j’ai écris ailleurs sur le mode décisionnel que veulent nous imposer certains et vers quel type de raisonnement on nous pousse à aller.
Un processus décisionnel normal passe par
1. une analyse précise des points importants d’un programme
2. une notation de l’importance des différents points
3. un total pour chaque voie envisagée et prise de décision si la différence est assez importante sinon introduction de nouveaux critères et reprise du processus.
Si et seulement si, on a des résultats trop proches et que l’on est obligé de décider tout de suite on est obligé depasser dans l’irrationnel qui se base sur nos instincts, notre ressenti, notre humeur du moment.
Et c’est dans cette seule partie que certains veulent nous obliger à choisir avec audace en reprenant des images subliminales qui sont ancrés dans notre cerveau depuis des temps anciens.
Toutes ces choses sur lesquels ils jouent remontent au moins au néolithique ( je n’ai malheureusement pas le temps de faire une différentiation clair de la partie réflexe du cortex qui lui remonte au jurassien) et n’ont de rationnalité que la lutte pour la survie de l’espèce (socialiste dans ce cas).
En posant de cette manière la réflexion on voit d’un nouveau jour la rhétorique tenue par certains
1. lui homme, lui agressif, lui méchant, lui vous faire du mal
en opposition à
moi femme, moi gentille, moi avoir enfants, moi aimer
ou encore un peu plus évolué quand SR se compare à Angela Merkel
2. moi femme, elle femme; elle bien gouverner, moi bien gouverner
mais comme ce n’est pas un choix naturel de prendre une femme pour chef il faut passer par
3. regarde moi crier fort, moi pas peur homme, moi plus forte que homme, moi pas peur de prendre décision, moi vrai chef
Il y a aussi le petit jeu venu des îles: »Tuféfo atoulékous » – en français »Femme française qui gagne perd. » Si toi (parler) gentil, toi pas assez fort pour prendre décisions de chef (comme presser bouton nucléaire). Si toi femme et toi (parler) intelligent et fort sans redouter homme, toi contre nature, toi pas te maîtriser pour prendre décisions de chef (comme ne pas presser bouton nucléaire).
(mal)heureusement ce n’était pas comme tu voudrais le faire croire
(parler) intelligent
mais dans son cas
parler (intelligent)
et sa (mal)saine colère lui a fait beaucoup de tort
Mais néanmoins, elle a bien parlé!
Mais dès dimanche soir, il y a donc, paraît-il, 55% de probabilités qu’on puisse
1/ Rire de nos amis français s’ils osent encore dire du mal de l’ami Georges;
2/ Se brosser en méditant sur la dernière initiative de la droite dure en Suisse.
Amitiés
Stéphane
@pexi, Guillaume: dans le genre, il y a l’analyse du débat sans le son par Jonathan Littell dans Le Monde…(sinon ici)
@francois Brutsch
merci de l’info mais je lis de moins en moins le monde car je trouve que son objectivité est en forte baisse au moment des élections et ai décidé de ne plus le lire même pour les pages d’analyse économique car je n’ai pas envie de me polluer le raisonnement par des subtiles inclinaisons partisanes que je pourrais ne pas déceler en première lecture (et malheureusement unique de part le temps dont je dispose ).