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Le déboulonnage des monstres sacrés et ce qu’il en reste

Adolf Hitler est à  peu près universellement abhorré, y compris par les Allemands. Pour Staline, c’est déjà  plus ambigu en Russie mais quand même assez généralement reconnu en dehors. Et les autres?

Le Monde des livres de vendredi consacre trois articles implacables à  Mao Zedong — mêlant dans la même opprobre les autres dirigeants de la révolution chinoise, de Zhou Enlai à  Deng Xiaoping, pour un bilan final « trop prudent selon certains » de 70 millions de morts! Bien sûr certains savaient déjà  tout cela « depuis le travail de défrichage de pionniers comme Simon Leys voilà  plus de trente ans », comme Le Monde n’a pas toujours aussi justement écrit, mais ils ne sont pas très nombreux.

Cette vérité parviendra-t-elle à  se substituer à  la légende romantique de l’imagerie révolutionnaire, de la Longue Marche à  la Révolution Culturelle en passant par les Cents Fleurs, pour devenir évidente pour tous? Cela me paraît loin d’être sûr. Il suffit de voir l’usage fait de l’iconographie maoïste: comparer avec l’iconographie nazie, pourtant graphiquement tout aussi séduisante. Ou l’impact que conserve un Che Guevara ou même un Fidel Castro, dont la présentation d’un autre livre dans Le Monde de la veille déboulonne également la statue; mais il s’en faut de beaucoup que cette analyse soit universellement partagée: en 1998, lors de sa venue en Suisse, chacun se pressait encore de rencontrer le monstre sacré.

De Napoléon à  Trotsky en passant par Lénine, la mémoire collective a été généralement clémente à  bien d’autres despotes meurtriers. De l’image générale et des faits qui marquent, le négatif, même s’il est connu, s’efface plus vite que la rémanence « globalement positive » attachées aux figures historiques. Ces quatre articles du Monde méritent une lecture attentive avec un esprit ouvert: mais le cerveau humain ne fonctionne pas comme la mémoire du navigateur Internet, que l’on peut au besoin purger de l’historique des sites précédemment visités!

COMPLEMENT DU 08.07: Avec retard, une critique de l’ouvrage consacré à  Mao par Jean-Louis Margolin, historien et coauteur du Livre noir du communisme, parue dans Le Monde du 29 juin.

5 commentaires

  1. 12 juin 2006

    Merci pour ces liens extrêmement intéressant. C’est vrai que le débat « pourquoi l’extrême-gauche est toujours considérée comme acceptable et l’extrême droite pas » serait intéressant à  développer. Une de mes théories est que la gauche de la gauche a des sympathisants plus sympathiques que la droite de la droite. Qui ne vont pas encore massacrer les gens comme ils le feraient arrivés au pouvoir. Tandis que les partisans d’extrême droite sont déjà  violents. Je ne sais pas si ça tient la route. Qu’en pensez-vous ?

  2. 12 juin 2006

    Heu François, je ne suis trotskiste ni impérialiste, mais il me semble que Napoléon et Trotsky dans le même panier qu’Hitler, Staline ou Mao, c’est légèrement abusif…

  3. @Jack: Oui, c’est pas mal… ça rejoint un peu l’idéalisme généreux souvent avancé pour justifier le totalitarisme de gauche (alors que celui de la droite ne se cache pas de fonctionner à  l’égoïsme et l’exclusion).

    @Hugues: Bon, pour Napoléon j’assume un côté légèrement provocateur, mais surtout à  titre d’anachronisme; sur le fond, c’est bien un despote mégalomane responsable de misères inouïes, dont la colonne positive est toutefois plus fournie que les seules autoroutes prêtées à  Hitler (j’ai été réjoui récemment de lire que JJSS, l’un de mes dieux lares, l’avait en détestation). Pour Trotsky, je ne sais pas si ce sont les binocles ou les années passées à  seulement écrire et fuir les sbires de Staline, mais on oublie trop facilement son rôle dans la terreur révolutionnaire (comme on excuse trop facilement Lénine pour mieux accabler Staline). Si je puis me permettre un petit renvoi pré-blog…

  4. jamal
    16 juin 2006

    tres beau site merci

  5. Antoine Belgodere
    16 juin 2006

    Réponse de Trotsky à  ceux qui critiquaient sa participation à  la répression sanglante de la révolte de Kronstadt :

    « Au fond, messieurs les critiques sont les adversaires de la dictature du prolétariat, et, de ce fait, les adversaires de la révolution. C’est en cela que tient tout le secret. Certes, un certain nombre d’entre eux admettent en paroles révolution et dictature. Mais cela ne vaut guère mieux. Ils veulent une révolution qui ne mènerait pas à  la dictature et une dictature qui s’exercerait sans contrainte. »

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