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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Pour redescendre de la montagne

Avec Brokeback Mountain et ses prix et ses nominations qui pleuvent, le western spagaykitsch est donc la nouvelle coqueluche médiatique du moment.

C’est probablement du snobisme mal placé, mais une telle unanimité dans le sacre de ce qui devrait relever de la subversion, de la transgression me met mal à  l’aise. Assisterait-on à  un phénomène à  la Michael Moore? Est-ce le fait que le film s’en prend à  un mythe constitutif de l’Amérique profonde qui lui vaut autant de suffrages? A mes yeux, le film n’est pas mal du tout, mais sans plus – or il est parti pour devenir un film culte.

Si je fais abstraction de mes habitudes d’enfant gâté par le bon cinéma (d’où qu’il soit, américain, asiatique…) doublé d’un calviniste se lassant vite d’images prioritairement flatteuses, je dirai que ce film est une excellente chose. Détourner une pub pour Marlboro, mettre en scène une thématique ouvertement gaie dans un décor de western (alors que d’habitude, une homosexualité latente est omniprésente dans les deux cas): très bonne idée, certainement déjà  exploitée, mais jamais à  une échelle quasi planétaire. C’est très bon pour véhiculer « autrement » des images inédites et un discours (et des silences) inouïs en relation avec l’homosexualité masculine.

Il faut juste admettre le postulat kitsch de départ. La présence des personnages dans ces paysages ne sera donc pas crédible. Il faut s’habituer aux éclats quasiment éblouissants que jette la propreté immaculée de leurs vêtements dans le paysage (aux montagnes phalliques, forcément) avec des moutons en arrière-plan dont on ne les voit jamais s’occuper. Mais c’est cohérent, puisque dans l’histoire, ce sont de mauvais gardiens de moutons.

Il faut faire son deuil qu’il y ait une interaction effective entre les personnages. Le style veut qu’ils soient statiques, ayant l’air de n’exister que chacun pour soi. C’est frustrant parce que les personnages sont attachants et vivent quelque chose de poignant. Il paraît que ça correspond au mode de communiquer des gens de ce milieu. C’est ce dont m’assure une petite-fille de cow-boy du coin dans spiked. Je ne suis qu’à  moitié convaincu: il y a d’autres manières de représenter la solitude fondamentale et la difficile communication entre les êtres.

A noter que dans un genre très voisin, l’Office du tourisme suisse n’est pas en reste. De magnifiques spécimens de mâles suisses sont proposés comme une alternative charmante et pleine de fraîcheur virile (si si, en Suisse ce n’est pas une contradiction dans les termes). C’est ici, cliquer sur Zum Herunterladen juste en dessous de WM – Alternative – Clip.

COMPLEMENT DE FRANCOIS A 23H55: De retour d’aller voir le film cet après-midi — mais est-ce vraiment le même? Je n’ai vu ni kitsch, ni éclat éblouissant, ni propreté immaculée (et ces montagnes sont d’une horizontalité désespérante); les deux cowboys (sans vaches) travaillent dur, toujours vaguement crasseux, entre cigarette et whisky, et ne sont même vraiment beaux que dans de rares plans.

Je ne crois d’ailleurs pas avoir vu un film sur une thématique spécifiquement gay comme l’était bien sûr Garçon d’honneur (et je trouve plutôt regrettable que les médias lui collent ce label); plutôt un drame de la condition masculine dans des conditions frustes (c’est d’ailleurs un brillant contrepoint au rêve américain auquel Michael Moore, lui, participe de plain-pied). Il n’y a de grande passion que contrariée et je doute fort que Jack et Emmis partant tout deux s’établir dans un ranch auraient tenu longtemps ensemble. [Complément du 23.01: voir la critique de Mark Steyn, qui m’avait échappée.]

Tout cela m’a paru d’un réalisme poignant, mais sans misérabilisme ni pathos, bref une performance de Ang Lee et une adaptation fidèle de la nouvelle d’Annie Proulx (je viens de la parcourir) dont j’avais adoré The Shipping News, un roman sombre qui déjà  traitait de l’incommunicabilité et du poids des conventions (avec un inceste en arrière-plan, si je me souviens bien).

4 commentaires

  1. 22 janvier 2006

    Pour le clip, il me semble que SuisseTourisme a encore à  apprendre des Polonais: avec ce programme pour femmes loin de la Coupe du Monde, ils font doublement « daté » par leur exclusive hétéro (les modèles, eux, sont d’une métrosexualité de bon aloi), mais surtout pour ne pas avoir noté l’engouement féminin pour le foot…

  2. 22 janvier 2006

    Et si c’était d’abord à  prendre au 2ème degré? Je me demande si les modèles ne sont pas d’un genre qui interpelle plus les gais que les femmes. Certains se seront fait plaisir.

  3. Pierre-Yves
    24 janvier 2006

    Cher Guillaume,

    J’appuie complètement le complément apporté par François à  ta critique du film d’Ang Lee. Pour avoir voyagé dans les Rocheuses, non pas au Wyoming mais au Montana, et malgré les souvenirs que le temps a certainement embelli encore, j’ai vraiment retrouvé dans ce film les décors et l’ambiance que j’avais ressenti. Peut-être qu’en tant que Suisses nous ne sommes plus habitués à  trouver une nature aussi sauvage… nos seuls essais naissent de la nostalgie et provoquent une « chouquinetisation noëllisante » très certainement kitsch. Ce n’est pas le cas dans les Rocheuses.

    Il en va de même pour l’aspect bourru et peu causant des personnages. J’avais, lors de ce voyage, passé quelques jours chez un vieux cowboy, vivant avec son épouse dans une maison perdue. Avec lui, nous avons passé une journée à  couper du bois. Peu de mots ont été échangés. C’est par le partage du travail, d’un repas, d’un whisky bu à  même la bouteille, encore cachée dans un papier kraft que l’amitié s’exprimait.

    Pour ma part, il me semble qu’une des forces du film vient de la beauté réelle des décors, et non pas kitsch. Elle vient aussi du laconisme des personnages, si proche me semble-t-il de la réalité des cowboys que j’ai rencontrés.

  4. 26 janvier 2006

    Je partage l’avis de Pierre sur les moments de silence qui au départ m’ont paru aussi « ennuyants » mais commun ds les mileux ruraux et montagnards.

    Peut être que si les deux alleint vivre ensemble ç aurait pas abouit et à  mon avis ça aurait été à  cause d’Ennis (je deteste ce genr de profil d’homme introverti qui ne s’assume pas et qui est tt le temps indécis).

    Mais je trouve qu’ils ont trés bien joué leur rôle et que c vraiment un visage caché des USA qui ns a été dévoilé. A quel point les mentalités étaient encore tordus ds les années 60 et 70!!! alors que l’on assistait à  des mouvements des hyppies ds les gdes villes!!!

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