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Le charme offensif de la bourgeoisie

Toujours à  propos des banlieues, Emmanuel Raveline, sur son Big Blogger, a une solution qu’il formule en une combinaison de termes très inhabituelle, sinon provocante. Pour lui, le salut passe par l’embourgeoisement, qui n’est rien moins qu’un terrorisme culturel à  haute valeur éthique:

La démocratie, pour survivre, doit fabriquer de la bourgeoisie, i.e. une classe sociale ambitieuse, assez méprisable d’un point de vue purement esthétique, et relativement souhaitable d’un point de vue éthique.

(…)

Le devoir sacré de la République est de donner à  la bourgeoisie une éthique qui dépasse celle consubstantielle à  son état. En d’autres termes, tandis que l’organisation de la chose politique doit tendre à  favoriser la puissance de la classe moyenne en éradiquant les mécanismes de paupérisation (engendrant désordres, démagogie, délinquance, extrêmisme) et de ploutocratie (engendrant paupérisme, corruption, et, à  terme, tyrannie), une partie fondamentalement terroriste du pouvoir doit pousser la bourgeoisie à  (a) croire à  la démocratie et à  la république (b) croire au libéralisme moral et politique (c) exceller civiquement (respect du droit), intellectuellement (jugement) et rationnellement (respect de la science et de la technique) pour être capable de juger les représentants politiques et de résister aux tentatives de démagogie et corruption (au sens purement économique, bien sûr) (d) séparer définitivement les traîts culturels et éthiques des traîts politiques (i.e. empêcher le multiculturalisme et le fascisme). Choses pour lesquelles la bourgeoisie est prédisposée, mais qu’elle ne fait pas naturellement dans son ensemble. Les moyens de ce terrorisme sont variés: ce peut être l’éducation, ce peut être un esprit civique diffusé par habitude, par ethos (tant que cet ethos n’a pas d’application politique, il est en conformité avec le point d).

(…)

le devoir de notre régime est d’embourgeoiser la banlieue. Cela va passer, à  mon avis, par la destruction de mouvement culturels, et non politique. (…) Or pour détruire la culture qui s’est créée, il va falloir des choses bien plus douloureuses et contestable éthiquement qu’un couvre-feu ou un état d’urgence. Le devoir de la bourgeoisie – outre cesser d’avoir honte de ce qu’elle est, et viser à  alimenter par le terrorisme qu’est l’éducation les points a, b, c et d que j’ai évoqué – est de s’assurer qu’à  aucun moment, cette destruction culturelle soit impérialiste ou raciste, mais qu’elle soit une destruction des éléments politiques saillants du mouvement culturel, et ce ne peut se faire que par l’embourgeoisement. C’est déjà  bien assez de travail.

Lire ici le billet complet. COMPLEMENT DE FRANCOIS DU 18.11 à  19h30: il n’est pas trop tard pour aller lire ce que développait à  ce propos Damien sur Samizdjazz (via Zvezdo).

Tout aussi intéressant: le diagnostic de Frank Furedi de spiked (un Spectator de gauche sans l’humour, dit mon co-blogueur), qui voit à  la racine du mal la perte de sens en politique, et va peut-être plus dans le même sens qu’on ne croirait.

2 commentaires

  1. 14 novembre 2005
    Ils ont peut-être même vu plus juste qu'ils ne le croient. La Révolution (de 1789) à  ses débuts a été menée par des bourgeois (Desmoulins, Robespierre etc étaient déjà  des avocats très réputés). Les droits de l'homme est, ou plutôt était une idée typiquement bourgeoise; ce que dénonçait avec fureur le jeune Marx du ''Réponse sur la question juive'' (ou quelque chose dans le genre, je ne me souviens plus du titre exact).
  2. Boaf
    15 novembre 2005

    C’est bizarre : il me semble que ça fait quand même un moment que la place de la petit bourgeoisie dans l’ordre capitaliste avait été théorisée ?

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