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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Comment faisait-on quand on ne gérait pas?

Les efforts langagiers visant à  désigner des professions en termes valorisants ou respectueux ne me semblent pas a priori ridicules. Parler de technicien de surface ou de gardien d’immeuble plutôt que de nettoyeur ou de concierge n’est pas pour me déplaire. La novlangue technocratique a quand même le mérite de signaler que les professions humbles ont droit au respect. De même que tout ce qui est stigmatisé comme politiquement correct n’est pas a priori irrelevant.

Toutefois, j’ai trouvé quand même qu’on atteignait des sommets périphrastiques dans cette annonce parue il y a quelque temps dans la Tribune de Genève. On y recherche en effet un casserolier (terme que je ne connaissais pas, mais là  n’est pas le problème) pour un restaurant d’entreprise, qui stipule que le « défi » est le suivant:

« participer activement aux tâches liées à  la gestion du lavage et du nettoyage en cuisine et salle de restaurant »

Peut-être est-ce dit avec un sourire en coin. Sinon, c’est que le concepteur de l’annonce a dû faire un stage de trop en management circonlocuteur à  orientation antidéflationniste de la gestion de la qualité de la productivité scriptoverbale.

Comment faisait-on pour s’exprimer avec autant de justesse quand les mots gérer et gestion ne s’appliquaient qu’à  des biens matériels qui nous étaient confiés?

Un commentaire

  1. 6 juillet 2005

    à€ mes yeux, technicien de surface est plus ridicule encore que casserolier…

    L’ennui de ces néologismes pompeux et dans le vent, c’est qu’ils revêtent rapidement le caractère dépréciatif qu’ils étaient censés dissimuler : en soi, concierge ou nettoyeur n’ont rien de négatifs, c’est l’activité ou le métier correspondants qui sont dépréciés par la société. On peut changer le mot autant qu’on veut, la réalité qu’il recouvre restera la même. J’en veux pour preuve le nombre de termes qui se sont succédés au fil des ans pour désigner les Noirs aux à‰tats-Unis, suivant la vague politico-orthodoxe. Une démarche plus juste et plus profitable à  long terme est au contraire de récupérer le terme déprécié, de le conquérir pour lui donner une connotation positive, comme l’on fait les Anglo-Saxons avec queer, par ex. Concierges et conchitas de tous les pays, unissez-vous pour défendre la dignité de votre condition 🙂

    Pour le reste, et pour rester dans le domaine de la novlangue, irrelevant se dit non pertinent, incongru, déplacé, à  côté de la plaque, etc. en français… 😉

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