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Attali et Onfray: laissez-les parler (surtout le premier)

Je croyais que je n’aimais pas Jacques Attali. Or hier soir, je l’ai trouvé très bien. Il était avec d’autres dans un de ces jeux télévisés où, le candidat, c’est l’animateur qui, pour gagner, doit deviner le juste moment où interrompre les invités, c’est-à -dire le moment précis où ils disent ou vont dire quelque chose de tout particulièrement intéressant. Il présentait sa biographie de Marx, Karl Marx ou l’esprit du monde, en me donnant envie de la lire, et chacune de ses trop courtes inteventions (bravo le candidat-animateur) était pertinente.

A l’inverse, Michel Onfray, défendant son Traité d’athéologie (Grasset) m’a une fois de plus exaspéré (pourtant le titre du livre est prometteur). D’abord il ne comprenait pas (et je crois qu’il était sincère) comment on pouvait qualifier l’athéisme ou le communisme de religion. Ensuite il jaugeait le catholicisme à  l’aune de ce qu’ont fait ses papes. Et pour lui, le silence de Pie XII par rapport au nazisme équivaut à  une approbation. Même raisonnement pour Jean-Paul II et le génocide rwandais (là , je dois dire que je n’en sais rien). Et, à  en croire une interpellation d’Elisabeth Lévy, le seul fait qu’Hitler ait invoqué trois ou quatre passages des Evangiles dans Mein Kampf comme caution fait du nazisme un produit ou un héritier du christianisme. Pourquoi Michel Onfray n’en reste-t-il pas à  son L’Art de jouir, un thème où on ne peut pas se tromper, puisqu’on on y traite de ce qu’on aime et connaît le mieux: soi? Il appelle de ses voeux un siècle de la philosophie où les sages (= les athées) remplacent les croyants. Mais je ne sais pas si les sarcasmes qu’il a lâchés dans L’Europe des crétins à  propos du TCE relèvent de la sagesse.

7 commentaires

  1. 16 juin 2005

    Tout dépend ce qu’on appelle une religion:

    • Si c’est simplement une croyance, je crois qu’on galvaude un peu le terme « religion ».
    • Si c’est un espoir messianique, on peut inclure le communisme, mais cela exclut probablement beaucoup de mouvements qu’on appelerait religieux (le bouddhisme par exemple).
    • Si on propose une définition qui associe une croyance et une communauté fondée sur cette croyance, le communisme en fait partie, mais pas l’athéisme (rares sont les regroupements d’athées, où on communie entre nous dans la joie de l’absence de Dieu).
    • Mais sans doute Michel Onfray entend distinguer les cas où Dieu est utilisé pour aliéner l’homme (religions) des cas où les hommes s’aliènent très bien par eux même (communisme).

    La leçon (athée) que j’en tire, c’est que même pour s’aliéner, l’homme n’a pas besoin de Dieu !

  2. 16 juin 2005

    Mea culpa. Donnant dans la synecdoque je voulais d’abord parler d’une croyance. Pour dire que l’athée, quand il pose la non-existence d’une transcendance à  ce qui est observable dans l’espace-temps, a une démarche qui relève de la croyance. A la différence de l’agnostique qui dit qu’il ne sait pas. L’athéisme donc n’est pas une démarche scientifique, puisque la science moderne, en tant que telle, ne peut pas prendre position sur quoi que ce soit qui n’est pas observable dans l’espace-temps. La science ne peut être qu’agnostique. C’est pourquoi l’athéisme rentre dans la catégories des croyances, sinon des religions.

    Ajoutons que sur le plateau de l’émission, il y avait le célèbre astrophysicien Trinh Xuan Thuan (Science et quête de sens) qui se réclame du bouddhisme athée, tout en croyant à  un principe créateur. Là  encore des propos passionnants qu’il s’agissait de couper au bon moment le plus frustrant pour le récepteur (le locuteur avait l’air d’un habitué qui s’en amuse).

  3. 16 juin 2005

    Il n’est pas impossible que Michel Onfray, spécialiste des religions et notamment des religions antiques, ait une vision plus restrictive que « croyance », justement en se fondant sur l’étymologie de « religion » (re-ligio : lier ensemble, ce qui met fortement l’accent sur la dimension collective d’une croyance spirituelle). Michel Onfray est intéressant et amusant en règle générale, mais le sens de la nuance n’est pas sa principale qualité.

  4. emerson
    17 juin 2005

    Tu croyais ne pas aimer Jacques Attali ? Tu avais raison. Lis ceci et tu le ne verras plus jamais du même oeil. http://www.lexpress.fr/idees/tribunes/dossier/attali/dossier.asp?ida=430929

  5. al
    17 juin 2005

    Onfray ne sait évidemment pas que le nazisme est un paganisme tribal et racial, inspiré en grande partie par les mythologies germaniques. Confondante ignorance!

  6. 19 juin 2005

    emerson: je suis plutôt d’accord avec l’article que tu signales, et je n’en aime Attali que davantage. Désolé.

    al: je pose la question de la cause et de l’effet. Le nazisme est-il inspiré par la mythologie germanique ou, étant une pensée tellement pauvre philosophiquement parlant, c’est plutôt qu’il serait allé y chercher une caution? Je ne me suis plongé suffisamment ni dans l’un ni l’autre pour en mesure d’avoir une réponse tranchée.

  7. al
    19 juin 2005

    Plutôt que de cause et effet, je parlerais d’affinités assez logiques, une mythologie affirmant souvent la supériorité d’un peuple et d’un « sang » sur tous les autres; d’autre part, rien dans le Nouveau Testament ne permet d’étayer une telle croyance, au contraire. Le Walhalla est donc une caution naturelle du racisme nazi

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