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Le Zimbabwe entre héroïsme et martyre

Arrivé en tête au premier tour de l’élection présidentielle, en ayant par ailleurs conquis la majorité absolue au parlement, tout cela de l’aveu même du régime, Morgan Tsvangirai retire sa candidature à  une semaine du second tour, et se réfugie personnellement à  l’ambassade des Pays-Bas. Robert Mugabe pourra donc se proclamer élu par défaut — le principal étant, à  vrai dire, la campagne qu’il mène contre son peuple par la famine et la terreur. Faut-il le reprocher à  Tsvangirai et à  son parti, comme le fait allègrement David Blair dans le Daily Telegraph? Il est lui-même un grand reporter qui a mouillé sa chemise sur tous les continents, et pas un simple commentateur de salon. Mais tout de même: il y a, je trouve, une grandeur foncièrement démocratique dans ce refus du MDC d’envoyer au massacre jusqu’au dernier militant[1]. Et c’est au fond une manière plus éclatante encore qu’un résultat truqué de souligner l’illégitimité du régime.

Tsvangirai porte depuis des années le poids considérable d’une opposition admirable qui persiste obstinément à  vouloir se battre avec les armes du droit et du bulletin de vote. Résignons nous au fait qu’il n’est pas un saint laïc à  la Nelson Mandela. Ce n’est qu’un héros faillible à  la Churchill ou à  la Walesa, personnifiant un combat qui a obtenu des victoires inouïes, de recours judiciaire en référendum et en élections générales. Mais il a aussi ses défauts et ses erreurs.

Et ce que j’admire c’est la formidable résilience du peuple du Zimbabwe, que la communauté internationale (Afrique en tête) doit maintenant ne plus oublier afin que l’ultime « victoire » par la terreur de Mugabe soit le début de la fin de son régime.

Notes

[1] Mugabe semble encore pratiquer ce curieux usage des puissants: épargner la vie de son alter ego de l’opposition (les coups et les détentions arbitraires étant, pour leur part, permis). Ce fut déjà  le cas avec Joshua N’Komo, l’autre leader de l’opposition intérieure au régime raciste de Ian Smith, dont les partisans ont été annihilés.

Un commentaire

  1. 24 juin 2008

    De toutes façons, à  84 ans Mugabe n’en a plus pour longtemps… Quel que soit le résultat des élections, il y a fort à  parier que dans deux ou trois ans, le Zim s’y recolle (aux élections). Ca aide probablement à  prendre la décision de se retirer — quand on sait que ce n’est pas pour très longtemps, et qu’il y aura une seconde chance.

    (enfin, pas pour très longtemps … deux ans ça peut être long, vu l’état du Zim, mais bon).

    D’autre part, le soutien à  Mugabe n’est plus si monolithique que ça; dans son propre parti, il y a du tirage. Et il y a des rumeurs persistantes de discussions cachées entre le ZANU et le MDC (que les deux parties ont démenties régulièrement…). L’un dans l’autre, il n’est pas impossible que la victoire de Mugabe ne soit pas grand chose d’autre qu’une façon de se retirer sans perdre la face (c’est à  dire, sans être battu ouvertement). Je ne serais pas surpris de le voir réélu, mais mis à  la retraite par son propre parti d’ici 18 mois avant formation d’un gouvernement de coalition (bien obligé, le MDC a la majorité parlementaire).

    Là  encore, ce genre de calculs ont pu peser dans la décision du MDC (pas la peine de déclencher une guerre civile quand on peut arriver au même résultat en étant un peu patient !)

    Enfin, boule de cristal, tout ça…

    JF

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