Votations du 1er juin
Un autre trop bref billet pour présenter, selon la tradition, la galerie des affiches actuellement présentes dans les rues de Genève sur les sept questions qui seront tranchées le 1er juin (mais le vote par correspondance est en cours, j’ai voté la semaine dernière déjà , pas la peine de chercher à m’influencer).
Trois questions sont fédérales et trouvent leur origine dans l’UDC de Christoph Blocher:
- Une initiative populaire « pour des naturalisations démocratiques » qui a trait à la procédure dans les communes. Elle vise principalement à renverser un arrêt du Tribunal fédéral[1] qui a décrété contraire à l’ordre juridique le fait de soumettre ces décisions à votation (je m’en étais d’ailleurs ému dans les tous premiers jours de ce blog). L’initiative bouscule donc la souveraineté des cantons pour ancrer dans la Constitution fédérale une obligation des communes de déterminer individuellement leur procédure, en n’imposant pas la votation mais en la permettant, et en excluant tout recours ordinaire contre la décision prise. Plus simplement, l’UDC fait campagne contre les naturalisations… Voir aussi ici et là .
- Une initiative populaire « Souveraineté du peuple sans propagande gouvernementale » qui joue sur le fantasme de la manipulation de l’opinion par les pouvoirs publics au nom du mythe d’un peuple sage et omniscient. Elle est typique d’une conception non pas libérale mais totalitaire de la démocratie. Or si en Suisse le peuple est en tant que tel un organe de l’Etat, il n’est que l’un d’entre eux et s’inscrit dans une relation de collaboration avec les autres: l’initiative populaire est un acte adressé au parlement qui décide de proposer au peuple son approbation, son rejet ou un contre-projet; le référendum populaire vise à soumettre en votation un acte du parlement; et d’autres votations sont obligatoires et portent sur des actes du parlement (révision constitutionnelle, p.ex.).
- Un contreprojet, justement, à une initiative populaire[2] sur l’assurance maladie. Je renonce à développer ici et vous renvoie à ceci.
Quatre questions cantonales:
- Une loi modifiant le régime des déductions fiscales destinées à encourager la philanthropie, soumise au vote obligatoire comme, depuis peu à Genève, toutes les questions fiscales.
- Trois lois modifiant (trop) modestement l’organisation des entreprises du secteur public cantonal, contre lesquelles la gauche a, hélas, lancé un référendum. Comme on le voit sur les affiches, on invoque de grands principes. Dans la pratique, ce qui fait mal, c’est la disparition du principe que chaque parti a droit à un siège dans chaque entreprise, avec la rémunération qui s’y attache.
Je reviens pour les résultats, mais dans l’intervalle la Méditerranée m’appelle!
Notes
[1] Voir le billet précédent!
[2] Celle-ci n’est pas soumise à votation parce que ses auteurs l’ont retirée, mais ce n’est pas toujours le cas.
Des votations fortement marquées par la volonté de l’UDC…
En somme, en particulier pour la votation sur les naturalisations (mais aussi souvent pour d’autres), on retrouve l’équation gagnante de ce parti :
– Des idées très très simples, pour ne pas dire simplistes, contre lesquelles il faudra mobiliser des torrents d’arguments qui auront de la peine à être efficace, justement parce qu’il est tellement plus facile d’envoyer un slogan facile et destructeur que d’argumenter posément, raisonnablement en montrant la complexité du réelle, les nuances, etc.
– Un « pédagogie de la répétition », grâce à des moyens financiers permettant de marteler ces arguments trop simples à maintes reprises dans les annonces des journaux, sur les murs. A nouveau, face à ce torrent, il est d’autant plus difficile d’argumenter, de montrer, d’expliquer.
Moyens financiers énormes + Argumentation simpliste = Passage en force.
Que reste-t-il face à cela ? L’espoir en les capacités de raisonnement et l’esprit critique du peuple citoyen. C’est peu et c’est beaucoup.
Attendons en effet de voir…
Je suis confiant en l’intelligence des Suisses et des Suissesses pour ne pas se laisser tromper avec des slogans comme ‘démocratique’, ‘économique’, ‘efficace’ etc. qui ont finalement pour but de détruire des liens solides sociaux et solidaires! Donc voter trois fois NON est naturellement logique pour les votations du 1er juin.
Enfin je prie que beaucoup ne se soient pas fait avoir par ces termes et ces affiches émotionnels sans fondement mais qui évoquent presque une formule connue de propagande incitant les gens à être sans pitié.
Nous ne sommes pas du même avis, mais le coup de « l’initative populaire « Souveraineté du peuple sans propagande gouvernementale » (…) typique d’une conception non pas libérale mais totalitaire de la démocratie » m’a quand même bien fait rire. Très fort.
Ah, ces pays totalitaires où le gouvernement est muselé… Et tous ces pays libres où le gouvernement a la mainmise sur l’information… C’est cela, oui.
Ben, non, ce n’est pas cela… en Suisse, le gouvernement n’a pas mainmise sur l’information. Et sa présence dans le débat public n’est pas étouffante, et ne justifie pas une telle intiative, qui est populiste (promotion éhontée: j’ai pondu un petit billet sur le sujet:
Mais si on veut parler de qualité du débat public, et de la présence et du comportement respectifs des acteurs, on pourrait peut-être parler des lois de financement des partis. Et là , ça irait directemet à l’encontre d’à qui profite une telle initiative.
Ceci dit, appel à info: quelqu’un a-t-il une idée de quoi l’association qui a lancé cette initiative est le satellite? Merci d’avance!