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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Elections en Suisse (vive la Pologne!)

A Londres, la voisine me demande « ce que font les Suisses ». L’International Herald Tribune fait un titre en Une sur la victoire de la droite populiste. Mais cela ne dit pas tout. Les Polonais ont bien de la chance, pour eux on peut résumer en « Le gouvernement perd les élections » (ou: « L’opposition les gagne »): Donald Tusk succède à  l’un des Kaczynski comme premier ministre. Rien de tel en Suisse (voir aussi ici).

Prenez d’abord les résultats dans mon canton, Genève. Il y a toujours 6 élus de droite et 5 de gauche à  la chambre basse: pas de changement. Qualitativement c’est même mieux car l’unique siège d’extrême gauche est passé aux verts. Et les 2 députés à  la chambre haute sont désormais à  gauche (+1): une socialiste et un vert. C’est seulement dans la boîte noire que que l’UDC de Christoph Blocher devance désormais le PS comme premier parti du canton en nombre de suffrages — mais c’est toujours à  moins de 20%.

Au niveau national, les hyperboles « sportives » des commentateurs sur la déroute socialiste et la victoire UDC sont des baudruches. Après comme avant, les 200 députés de la chambre basse se répartissent en trois blocs de force sensiblement égale. A quelque 70 députés (-2), la droite pragmatique, composée des démocrates-chrétiens, des radicaux et de quelques autres élus, campe au centre. De part et d’autre, deux blocs de quelque 65 députés chacun: la droite populiste, anti-européenne et xénophobe de l’UDC (+7), d’une part, et la gauche (-5), deux-tiers PS, un tiers verts, d’autre part.

Comme toujours dans ce pays où la décision parlementaire n’est pas finale, il en découle des majorités parlementaires variables selon la nature et le contenu des objets, et l’anticipation que font les acteurs de la position du corps électoral:

  • la majorité centriste exprimant un consensus entre droite pragmatique et gauche au détriment de l’UDC, susceptible de référendum de celle-ci
  • la majorité de droite exprimant un consensus entre l’UDC et la droite pragmatique, susceptible de référendum de la gauche
  • peut-il exister une majorité progressiste (une partie du centre rejoignant la gauche)? probablement plus; mais elle ne touchait que peu d’objets et ne survivait guère à  un référendum
  • peut-il exister une majorité de droite dure (une partie du centre rejoignant la gauche dans l’opposition)? probablement; ce pourrait être l’objet d’affrontements devant le peuple
  • enfin la majorité de blocage contre-nature UDC-PS existe toujours, avec 105 sièges (-2); elle est négative, mais sans appel (pas de référendum, évidemment, contre le refus d’un projet). Au PS de savoir éviter le piège…

Dans cette partie, la question est de savoir si l’exécutif (collège de 7 membres) est hors-jeu car divisé, oscillant entre le centre et la droite (comme depuis 4 ans avec Blocher en son sein), ou s’il est à  même d’être un acteur fort: il faudrait (ou il suffira) pour cela que la volonté centriste prévale sur la panique de droite et de gauche; et que le parlement ne réélise pas, le 12 décembre, celui qui, contre toutes les traditions, privilégie dans sa fonction l’intérêt le plus partisan sur la cohésion de l’exécutif et l’intérêt général.

Conçu et envoyé via Vagablog depuis mon Treo 600, dans le bus pour l’aéroport. D’où l’absence d’accents dans un premier temps (mais depuis, le coblogueur-correcteur est passé par là  — merci Guillaume!), et le curieux permalien de ce billet!

5 commentaires

  1. 22 octobre 2007

    Alors? admettons que le courage politique (?) soit au rdv, et que Christoph Blocher ne soit pas réélu le 12. Que se passera-t-il si l’UDC tient sa promesse de ‘passer dans l’opposition’? Est-ce que ça va les asphyxier, ou au contraire seulement retarder une (vraie) révolution politique?

  2. François Brutsch
    22 octobre 2007

    @David: elle y est deja, dans l’opposition!

  3. 22 octobre 2007

    Super billet François, et belle démonstration de l’usage du Tréo (en rapport avec notre discussion de la RdB). Justement je pensais a te demander ton avis, tellement les journaux français semblaient alarmistes (en Angleterre le plus important était le WE noir en sport: défaite au foot, défaite au rugby et – peut être – défaite en F1)… me voila rassuré: plus ça change moins ça change semble être le leitmotive en Suisse 🙂

  4. hmmm
    22 octobre 2007

    Ha! Si elle passe dans l’opposition, c’est sa fin, parce qu’alors elle n’aura plus de moyens de lancer des projets. Et vu ce qui sort des cartons de l’UDC, ce serait plutôt un bien…

  5. 23 octobre 2007

    Si elle passe dans l’opposition, elle va foutre la m… le désordre, oui!

    c’est bien le dilemme: virez l’udc du conseil fédéral, parce qu’il est douteux de pouvoir tenir encore longtemps au rythme où ça va (à  moins d’avoir une vraie alternative à  la concordance traditionnelle), et alors, enragés par cette décision, les populistes vont littéralement dans l’opposition et mettront encore plus de bâtons qu’il n’y aura de roues,

    ou alors

    respectez l’expression du vote et donnez deux sièges udc couleur blocher aux conseil fédéral, mais attendez-vous à  ce que des idées catastrophiques, tant sur le plan des relations extérieures (UE, commerce, représentation) que sur celui de l’ambiance à  l’intérieur du pays (‘bons suisses’ contre ‘abuseurs’), soient mises en oeuvre.

    Mais si l’udc passe dans l’opposition, ce n’est pas certain que ce soit sa fin. D’abord, elle y a très bien survécu de manière active depuis bientôt ving ans. Ensuite, parce que si elle devait être virée du conseil fédérale, toute un partie de son électorat se souderait encore plus à  elle. En outre, je ne pense pas que l’argent soit un problème, à  l’udc.

    et pour les projets, il y a toujours les initiatives.

    On a le droit d’être alarmiste? j’exagère à  peine…

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