Elections et remaniement ministériel
C’est au Royaume-Uni et pas en France, évidemment! Mais il n’y a finalement pas tant à en dire que je le pensais. Juste quelques points quand même: ce sont des élections locales (qui concernent des entités d’une taille minimale plusieurs fois supérieure à leur équivalent français, tout en ayant moins d’autonomie, le poids de l’administration centrale et du ministère des finances défiant tout entendement), qui ne se déroulaient qu’en Angleterre, et encore pas partout. La participation s’est élevée à 36% (en baisse). Les pertes travaillistes, respectivement les gains conservateurs, sont notables mais ne constituent nullement un tremblement de terre. Les poussées populistes du British National Party et de la coalition rouge-vert-brune Respect de George Galloway sont strictement localisées et sans lendemain. Bref rien qui soit susceptible de menacer une future quatrième législature travailliste consécutive sur le plan national.
Il n’en demeure pas moins qu’un remaniement ministériel était attendu depuis des mois, et plus encore après les péripéties de ces dernières semaines. Il a eu lieu dès ce matin et témoigne que, fût-ce à son corps défendant, Blair n’a rien perdu de son autorité. Désireux de tirer un trait sur l’affaire de l’organisation désastreuse des services du ministère de l’intérieur en charge du suivi des détenus libérés et, plus spécifiquement, de la procédure d’expulsion du territoire pour ceux qui l’encourent, mais de ne pas désavouer Charles Clarke qui n’a nullement démérité, il a souhaité le conserver au gouvernement, mais à un autre portefeuille. Clarke a tenté de lui forcer la main, refusant tout autre poste[1]: il se retrouve backbencher. Ce qui a de surcroît l’intérêt de présenter un concurrent potentiel à Gordon Brown pour la succession de Blair… lorsqu’elle sera ouverte, à ou d’ici la fin de la législature.
John Prescott, caution populaire du New Labour, reste vice-premier ministre, avec de larges attributions interministérielles, mais il perd son département, repris par Ruth Kelly, une jeune espoir du blairisme, comme David Miliband qui entre dans le cabinet. Tessa Jowell (culture) et Patricia Hewitt (santé) sont confirmées à leurs postes. Et, après Robin Cook et Jack Straw, Blair installe son troisième ministre des affaires étrangères, la vétérane et fidèle Margaret Beckett, tandis que Geoff Hoon (ministre de la défense de l’intervention en Irak) devient ministre des affaires européennes.
Bref, le changement dans la continuité, 9 ans après la victoire du 2 mai 1997. Demain, Tony Blair fête ses 53 ans (seulement).
(Corrigé le 06.05 à 10h10 une erreur concernant le département de Prescott)
Notes
[1] C’est le baroudeur tout terrain du gouvernement, John Reid, qui s’y colle.