Le droit à une nouvelle vie
Je vois que l’affaire de l’assassinat d’un ancien responsable de l’IRA et du Sinn Fein qui s’est révélé avoir été un agent britannique pendant 20 ans est suffisamment spectaculaire pour retenir l’attention des médias continentaux. Il tombe on ne peut plus mal, alors que les premiers ministres britannique et irlandais tentent de relancer un processus de paix en Irlande du Nord bien laborieux. Il est aujourd’hui impossible de savoir si le crime est imputable à des éléments incontrôlés de l’IRA, à celle-ci, voire à une provocation unioniste, ou encore si elle serait par extrordinaire sans lien avec l’affaire… Tant les gouvernements que le Sinn Fein voient leur crédibilité atteinte par le fait qu’ils n’ont pas su assurer la sécurité de Denis Donaldson.
En l’occurrence l’intéressé paraît avoir refusé une procédure dont on imagine volontiers qu’elle est assez standard dans le milieu de l’espionnage: recevoir une nouvelle identité et refaire sa vie ailleurs. Mais ce qui m’a toujours frappé en Grande-Bretage, c’est qu’un tel programme, sur lequel le Daily Telegraph donne quelques détails, est également en place pour des criminels dont la sécurité est menacée après leur sortie de prison. Cela relève d’une conception de l’Etat social pour le moins extensive, et admirablement protectrice de l’individu, dont je ne connais pas d’équivalent en France ou en Suisse. Il est vrai que ces deux pays n’ont pas non plus au même degré certains médias déterminés à traquer et débusquer des personnes haïes pour ranimer sous la cendre la flamme de la vindicte à leur égard (comme cela a aussi été le cas pour Donaldson): l’oeuf et la poule… Il en est dès lors question régulièrement dans les médias, la dernière fois à propos de Maxine Carr, la compagne de Ian Huntley qui avait assassiné deux fillettes à Soham. Mais il y a aussi le cas de Mary Bell, ou celui des assassins du petit James Bulger.